Une saga familiale qui débute au lendemain de la Première Guerre mondiale, servie avec brio par une plume superbe, à la fois travaillée et accessible. Quel bonheur de retrouver, plusieurs décennies après ma lecture, le charme stylistique irrésistible des "Rois maudits", dans un contexte plus contemporain mais néanmoins brossé avec soin et typicité.
Ce premier tome des "Grandes familles" de Maurice Druon immerge le lecteur dans une série de tableaux vivants d'un esthétisme et d'un réalisme stupéfiants. La galerie de personnages a beau être étendue, on ne s'y perd pas et on apprend à connaître chaque protagoniste à travers son statut social, sa fonction, sa notoriété, son influence sur ses proches ou sur le monde qui l'entoure, mais aussi à travers sa personnalité, son histoire personnelle, ses talents et ses vices.
Il y a dans l'écriture de Maurice Druon une empreinte naturaliste forte qui n'est pas sans apparenter son oeuvre à celle d'Emile Zola, pour mon plus grand plaisir. Roman social, "Les Grandes Familles" constitue une étude de la condition humaine dans un contexte public et privé fait de bouleversements sociétaux et d'intrigues familiales.
Le Goncourt 1948 est venu récompensé cette très belle oeuvre romanesque et lui a donné la touche d'immortalité qu'elle mérite. Il est regrettable qu'un éditeur ou un réalisateur n'aient pas la bonne idée de la remettre à l'honneur en librairie ou sur les écrans.
Quant à moi, je vais bien sûr poursuivre cette aventure littéraire et suivre les Schoudler et les de la Monnerie dans la suite de leurs (r)évolutions.