" Je voudrais pouvoir vous retenir, continua-t-elle avec amertume, jusqu’à ce que nous soyons morts tous les deux ! Que m’importerait ce que vous souffririez ? Vos souffrances me sont indifférentes. Pourquoi ne souffririez-vous pas ? Je souffre bien, moi ? M’oublierez-vous ? Serez-vous heureux quand je serai sous terre ? Direz-vous, dans vingt ans d’ici : « Voilà la tombe de Catherine Earnshaw. Je l’ai aimée, il y a longtemps, et j’ai été bien misérable quand je l’ai perdue ; mais c’est fini.
J’en ai aimé bien d’autres depuis ; mes enfants me sont plus chers qu’elle ne m’était chère et, quand je mourrai, je ne me réjouirai pas d’aller la retrouver, je m’affligerai de les quitter. » Est-ce là ce que vous direz, Heathcliff ?
Ne me torturez pas pour me rendre aussi insensé que vous-même, s’écria-t-il en dégageant sa tête et en grinçant des dents. [...]
Êtes-vous possédée du démon, poursuivit-il avec sauvagerie, pour me parler ainsi quand vous êtes mourante ? Songez-vous que toutes ces paroles resteront imprimées en lettres de feu dans ma mémoire et me rongeront éternellement quand vous m’aurez quitté ? Vous savez que vous mentez quand vous dites que je vous ai tuée ; et, Catherine, vous savez que j’oublierais mon existence avant de vous oublier ! Ne suffit-il pas à votre infernal égoïsme que je me torde dans les tourments de l’enfer quand vous reposerez en paix ?