Les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma.
Delphine de Vigan ne raconte pas des histoires, Delphine de Vigan écrit la vie. Elle dépose sur papier nos histoires communes, insignifiantes, enfermées dans leur banalité, et nous dépeind pas écrit, ce que tout le monde ose à peine penser tout bas. Il n'y a pas de suspens, seulement des espoirs dérisoires suspendus, puis qui s'écrasent en silence, ces espoirs que l'on connaît tous, que l'on subit. Il n'y a pas de fin, pas de happy end, car la vie continue toujours, même sans spectateur pour la voir défiler, pour en constater les dégâts. On quitte nos personnages, avec la culpabilité de les laisser là, lasses et seuls face à cette foutue vie qui n'a plus de sens. Mais qui sont-ils ? Si ce n'est des ombres, des gens parmi la foule qui regorge de semblables, aussi perdus qu'eux, aussi déboussolés. Combien sont-ils à errer dans les rues bondées, avec le sentiment si intense de se sentir plus seul que jamais ?
Les heures souterraines, c'est un cri inaudible et silencieux au milieu d'une foule assourdissante.