Kaboul, cité antique asphyxiée par les talibans. La ville n’est plus qu’une ombre aux multiples reflets rouge sang. Les hommes doivent porter la barbe et sont conduits – par la force s’il le faut – à la mosquée à chaque prière. Les femmes, toutes identiques, dissimulées derrière un tchadri grillagé.
Ecrasée par chaleur estivale, la ville suffoque au rythme des exécutions publiques. Atiq occupe l’emploi de geôlier dans un petit centre de détention provisoire : des femmes y croupissent en attendant d’être livrée à la haine des hommes pour une raison ou une autre. Déshumanisé, Atiq semble supporter sa terrible condition. Pourtant, le lecteur perçoit encore sous cette épaisse cuirasse l’homme bon et honorable qu’il était avant.
Les hirondelles de Kaboul est un roman dur qui débute violemment par une scène de lapidation. Yasmina Khadra place immédiatement ses lecteurs dans le monde brutal des islamistes. On le sait dès les premières pages : ce livre sera difficile. Pourtant l’auteur instille quelques notes d’espoir – ténu, mais réel. De êtres existent encore parfois sous ces bêtes barbares et attendent des jours meilleurs. Des yeux aspirent encore à s’émerveiller devant la beauté des femmes. Des esprits attendent de recouvrer une certaine forme de liberté.
Un petit livre court et magnifiquement écrit comme ce fut le cas de tous les livres de Yasmina Khadra à m’être passés entre les mains. Un texte dense, oppressant, sur lequel veille des troupes fanatiques de barbus profondément antipathiques. Le lecteur souffre aux côtés des personnages campés par l’auteur. Et comme d’autres, fait le dos rond en attendant que l’orage s’éloigne…