J'ai découvert cette trilogie par un ami qui m'a mis l'Attentat entre les mains.
Merci à toi J.S. ❤ ❤ ❤
Je l'ai ouvert sans imaginer la puissance du texte, des personnages et des situations décrites et dénoncées. Je suis entrée dans le texte sans rien en savoir.
Les hirondelles de Kaboul, L’attentat et Les sirènes de Bagdad, forment un tout dans le sens où le sujet abordé, celui du terrorisme, est traitée à la fois avec humanité et compréhension mais sans complaisance. Cela peut faire planer un doute quant aux intentions de l'auteur qui franchit les barrières de l'interdit en humanisant des monstres mais qui ne laisse planer aucun doute sur la condamnation des manipulateurs et risque ainsi purement et simplement la mort. Yasmina ayant reçu des menaces de mort à mots non couverts suite à la publication de ses ouvrages.
Entrer dans l'oeuvre de Yasmina Khadra par cette porte peut à la fois troubler et surprendre. Le terroriste n'est jamais diabolisé. Il introduit dans son oeuvre les discours extrêmistes mais sans leur laisser un espace inconditionnel, il les expose pour mieux les disloquer et les étouffer dans l'âme de l'être humain qui survit dans l'humain rempli de la haine de l'autre.
Entre le conte, le polar et la tragédie antique, Yasmina nous fait vibrer par ses textes aux lisières de plusieurs genres mais toujours aux frontières des conventions pour passer au delà des règles établies.
L'auteur se met en danger, un réel danger et de nos jours, dans un pays comme le nôtre, c'est une chose que l'on a du mal à concevoir tant la liberté d'expression semble acquise, tant la liberté de lire et de s'informer fait partie de nous même si beaucoup n'en usent pas. L'intégrisme fait toutefois et malheureusement, de plus en plus partie de notre vie et du quotidien de ces pays garants de ces libertés. Il est d'autant plus utgent de (re)découvrir la puissance des textes de cet auteur algérien. En lisant son récit autobiographique "L'écrivain" le lecteur prend connaissance du combat de cet homme pour s'adonner et partager sa grande passion des mots et des idées.
Dans cette trilogie, il ne se contente d'ailleurs pas de parler d'un seul conflit mais universalise son propos en évoquant différentes parties du globe. Le conflit israélo palestinien, l'Afghanistan ou l'Irak.
Ce qui prédomine, c'est que
La haine silencieuse de l’envahisseur se mue en une rage destructrice
Là où Khadra est très fort c'est qu'il ne méprise pas les terroristes qu'il présente. Il ne les présente pas que comme des demeurés influençables. Il ne cède à aucune facilité. Ca participe hautement à fragiliser les parloes et les discours extrêmistes. Dans les Hirondelles..., le discours du Mollah est libre et s'étale sur tout un chapitre. Mais ce discours asséné aux oreilles crédules est parasité par des éléments qui en réduisent l'impact. Mohsen reste extérieur à cette parole en observant les réactions des autres croyants présents autour de lui, leur attitude et leur manque de recul, de réaction réveille l'humanité qui reste en lui.
derrière eux [les fidèles des premiers rangs littéralement subjugués par la prolixité du gourou], les avis sont partagés ; il y a ceux qui s’instruisent, et ceux qui s’ennuient. Beaucoup ne sont pas contents d’être là au lieu de vaquer à leurs occupations […] Un vieillard s’est assoupi. Mohsen a, depuis longtemps, perdu le fil.
L'humain doit lutter contre ça en cherchant à comprendre l'autre, son point de vue et sa culture.
Qu'il soit homme (jeune ou moins jeune) ou femme, celui qui en arrive à donner sa vie pour en supprimer d'autres par pure haine de cet autre ne doit pas être réduit à cet acte innommable de barbarie.
L'inhumain, par essence ne peut être commis que par des hommes.
Il faut donc se battre pour préserver l'Humanité partout où celle-ci est en danger en combattant les préjugés et la haine de l'autre.