Je ne connaissais pas du tout Paolo Cognetti avant de recevoir ce livre en cadeau, et quel cadeau bien ciblé ! Les huit montagnes m'a fait le même effet que Le voleur d'amour, par Richard Malka, c'est-à-dire la découverte d'un très bon livre, que j'ai dévoré en très peu de temps et qui restera dans ma mémoire. Dès maintenant, je vous conseille de le lire.
L'histoire nous est narrée par Pietro, dont le roman retrace sa vie. C'est l'histoire d'une amitié infaillible, malgré le temps et la distance, une amitié qui s'est tissée dans les montagnes, au creux des vallées, au bord des torrents, les pieds dans la neige, glissant dans la boue, au fil des les ascensions et des découvertes. C'est une amitié qui fut forgée dans la roche, celle des montagnes proches de Grana. Il y a des endroits qui, à jamais, resteront l'épicentre de notre monde, malgré les kilomètres et le temps qui passe. Il y a des personnes qui, à jamais, resteront dans nos vies, et que nous retrouverons à chaque fois comme si il n'y avait jamais eu d'absence. Paolo Cognetti retransmet à merveille ces sentiments grâce à son roman, pur, plein d'émotions.
Ce livre est tellement authentique qu'il est difficile de croire qu'il n'est pas autobiographique. Comment l'auteur peut-il à ce point nous faire ressentir le roman ? Nous le faire vivre ? J'ai eu l'impression de comprendre chaque sentiment de Pietro, chaque phase par laquelle il passait. Je me suis sentie vivre sa vie. J'ai même eu envie, à mon tour, de m'isoler en montagne plus que je ne le suis déjà.
En plus de Pietro et Bruno, le fameux ami intemporel, nous rencontrons son père qui représente à l'heure actuelle toutes ces personnes dont l'âme se trouve à la campagne, aux voyages, à la nature, en montagne, libre en somme, mais qui sont obligés de vivre en ville pour leur travail. Ces personnes dont le père est l'image, et qui meurent à petit feu, car la ville est leur prison. Nous observons, impuissants, la chute de cet homme par les yeux de Pietro qui de son jeune âge, ne comprenait pas. Mais nous, nous comprenons trop bien ce qui lui arrive ; cette auto-destruction qu'il ne peut pas éviter. Ne l'avons-nous pas déjà ressenti ou n'avons-nous pas peur de la ressentir, parfois, face à nos obligations ? Faire un choix qui ne nous convient pas, parce qu'il ne s'agit finalement pas d'un choix, mais d'une nécessité. Vivre dans le trafic, la pollution, le monde, le travail... quand on voudrait vivre libre !
Ce roman est un hymne à l'amitié, à la famille et à la montagne. Il est extrêmement communicatif, il est transmetteur de liberté et d'amour. C'est une bouffée d'air pur en altitude, un beau paysage sous les yeux, une découverte d'un sommet, la surprise d'animaux sauvages au détour d'un chemin, la forêt, la neige, les lacs, les amis, le dépassement de soi, la mémoire, les liens du sang... c'est une merveille. Ne passez pas à côté.