On ne peut que se réjouir des intentions, de la démarche, des thèses défendues par Djaïli Amadou Amal. Sa célébration par un jury lycéen l’atteste. Tout cela suffit-il pourtant à faire des Impatientes un grand roman, seulement un bon roman ? Cela supposerait de prendre en considération le style, la puissance de la narration, l’écriture ciselée des dialogues, l’originalité de ton et de formes, la singularité d’une voix. Rien de tel ici, sinon la retranscription quasi documentaire de traditions culturelles et religieuses qui enferment les femmes dans un carcan de normes et de devoirs imposés par un masculin triomphant et soucieux de conserver sa mainmise sur l’autre sexe.
L’organisation du récit en parties correspondant chacune à un personnage féminin répète plutôt qu’elle décline ce qui vient d’être dit, sans que ce qui ressemble à des témoignages ne manifeste la force de morceaux d’existences extirpés sur le vif par un narrateur conservateur d’une mémoire commune. Le roman demeure illustratif, échouant à saisir son lecteur comme le faisait il y a peu, et de façon saisissante, l’œuvre de Tommy Orange, There There (Ici n’est plus ici, en traduction française).