Les Indiscrétions d'Hercule Poirot est un whodunit parfaitement construit par une Agatha Christie en grande forme qui tisse son intrigue de main de maître, ce qui en fait un de ses meilleurs mystères.
Mais au delà de l'énigme policière très bien pensée, elle en profite, comme souvent évidemment, pour tailler un costume à la grande bourgeoisie, au pouvoir corrupteur de l'argent, à la mesquinerie et l'hypocrisie qui a court au sein de ce milieu qu'elle connaît bien.
Elle y décrit également par moment les difficultés de l'Angleterre post seconde guerre mondiale (le rationnement notamment)
Tout au long de ce roman, la grande dame du crime y pose par l'intermédiaire de son détective fétiche un regard tour à tour cynique, attendri et authentiquement triste sur les errances du genre humain. La dernière phrase du roman résonne encore quelques temps une fois celui-ci fermé alors que Poirot repense à tous les crimes dont il a été le malheureux témoin privilégié et l'influence qu'ils ont eu sur sa vision, un peu plus désabusée à chaque nouveau jour, de l'homme.
Il faudra sans doute dépasser un premier tiers de roman un peu mou qui met du temps à se mettre en place pour apprécier à sa juste valeur un roman qui s'avère particulièrement réussi de Dame Agatha Christie et fait sans doute partie de ses quinze meilleurs tout bien considéré.