L'affaire s'annonçait pourtant prometteuse : Freedom Oliver est serveuse dans un bar à 'bikers' au fin fond d'un bled paumé de l'Oregon.
Il y a quelques années, elle fut d'abord accusée du meurtre de son mari, à tort ou à raison on ne sait pas encore, mais son témoignage a finalement permis de faire coffrer son beau-frère qui purge sa peine en prison. Depuis, elle se planque au fin fond de nulle part sous un nom d'emprunt, protégée (et surveillée) par le FBI qui doute toujours d'avoir coincé le véritable assassin.
Au passage elle a perdu la garde de ses deux enfants, recueillis par une famille très pieuse du Kentucky, à l'autre bout du pays.
Mais finalement Jax Miller a décidé de secouer le plateau de jeu et les pions vont devoir bouger : le beau-frère sort de taule, méchamment décidé à se venger, et la fille de Freedom fait une fugue pour échapper à des parents adoptifs de plus en plus trop pieux.
Ça va brasser parce qu'aux côtés de la reine du bar et du fou sorti de taule, il y a de nombreux pions sur l'échiquier : le flic de l'Oregon amoureux de Freedom, le fils abandonné devenu avocat, les dupont et dupond du FBI, les frangins de l'ex-mari dont un handicapé, la belle-mère elle même et ses 150 kilos, toute une galerie de portraits tous plus déjantés les uns que les autres.
Toute cette clique à claques explique une mise en place un peu laborieuse dans l'Oregon avec une première partie d'exposition un peu longuette.
Le bouquin décolle enfin lorsque Freedom enfourche une moto et file vers le Kentucky pour y retrouver ses enfants. Toute la bande d'allumés va se retrouver dans l'est, autour de la propriété des parents adoptifs trop pieux ... qui cachent une véritable secte : le feu d'artifice final fera d'ailleurs référence au siège de Waco.
Malheureusement le délirium s'avère très mince et l'on ne croit guère à cette délirante épopée.
Certains personnages valent effectivement la visite, comme ces Delaney, la belle-famille de Freedom, qui se montrent tout à fait digne des Dalton.
Mais beaucoup d'autres personnages n'arrivent pas à nous accrocher.
Freedom d'abord que l'on trouve beaucoup trop écartelée entre la pauvre fille imbibée d'alcool et la forte femme capable d'en remontrer à tous : on ne sait jamais trop sur quel pied danser et dans quel registre l'histoire veut se situer.
Face à la complexe Freedom et à la délirante famille Dalton, d'autres personnages manquent cruellement d'épaisseur, comme le flic transi d'amour que l'on a tendance à oublier entre deux chapitres.
Jax Miller (une américaine installée en Irlande) disposait de bons ingrédients mais sa mayonnaise n'a pas pris. À vouloir trop embrasser, à se disperser dans toutes les directions, l'auteure nous a perdu en route et l'on regrette d'être passé à côté d'un road-movie déjanté qui aurait pu être savoureux 'il avait été plus concentré. Sans doute le manque de maîtrise d'un premier roman.
Pour celles et ceux qui aiment Calamity Jane et les Dalton.