Ainsi donc, c'est une biographie. Romancée, certes. Mais une biographie quand même. Pas mon genre préféré, je le fuis plutôt (je n'ai appris la nature réelle du livre qu'à sa toute fin) mais comment ne pas être subjugué quand une histoire personnelle touche à ce point à la légende ? Quand le cadre est empreint de tant majesté antique ? Quand l'ambition de répandre des messages d'harmonie entre les peuples et de tolérance envers autrui est à ce point dénuée de toute stratégie égoïste ou politique ? Mon âme hippie a frissonné à ces échos. Ai-je bien lu ?
Les Jardins de lumière c'est ma première rencontre avec Amin Maalouf dont je découvre donc les talents de conteur : un récit riche sans être pesant, équilibré sans être froid, didactique sans être professoral, rythmé sans frénésie ni torpeur, moderne sans quitter son décor d'empire sassanide, porteur de lumière : évidemment, et plus encore porteur de justice pour celui qui de prophète est devenu, par glissement tragique, un mouvement péjorativement connoté. Dommage qu'une si belle idée, défendue comme elle l'a été, ait été oubliée et qu'elle ait disparue derrière cette réduction fruste que nous signifions lorsque nous parlons de manichéisme. Je ne connaissais rien à tout ça, maintenant j'ose à peine mesurer l'étendue de mon ignorance... Il est encore temps de lire - et de méditer.