Je n'avais rien lu de Camus auparavant, alors autant dire que j'étais très impatiente de me lancer dans cette lecture, surtout après avoir lu de très bons avis. La trame parle de révolution et même de terrorisme, mais après la lecture, on ne se sent pas l'envie d'aller renverser une quelconque dictature.
La pièce s'ouvre sur l'intérieur d'un appartement dans lequel discutent cinq terroristes d'une action future. Ils mettent tout en place, décident de qui va lancer la première bombe, etc. C'est assez déstabilisant à lire, on se sent presque voyeur dans une telle scène. Et petit à petit, les langues se délient, leur façon de mener leur révolution devient plus claire, et finalement, un profond sentiment d'humanité et de justice jaillit au fil des répliques. J'ai été soufflée, parce que je ne pensais pas voir un tel enchaînement de sentiments se succéder.
Les personnages sont très peu décrits : ils peuvent être n'importe qui, comme dans les révolutions en tout genre d'ailleurs, des anonymes qui se battent au nom de la justice, enfin... de leur justice. C'est vraiment fou de pouvoir s'infiltrer comme ça dans le quotidien et dans les pensées de ces gens, j'ai trouvé ça vraiment très intéressant. L'écriture est juste, les répliques sont courtes et cinglantes, bref, très bien. Je pense d'ailleurs que joué, on doit ressentir toute la pression que ressentent les personnages ainsi que l'urgence de manière bien plus forte et l'aventure ne peut en être que plus captivante et profonde.
En résumé : une très bonne pièce qui prend le point de vue de ceux que l'on critique généralement et qui arrive magnifiquement bien à faire ressentir de multiples émotions, souvent contradictoires. Voilà ce qu'est cette pièce en fait : un cas de conscience.