La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Les lectures des otages, ce sont des nouvelles parues entre 2008 et 2010 dans une revue japonaise, englobées dans une grande histoire : la prise d'otage de huit touristes étrangers.
Les otages restent enfermés plus de cent jours jusqu'à ce que l'armée lance l'offensive et que tout explose. Ce qui reste d'eux, ce sont ces lectures, enregistrées sur un magnétophone caché par la Croix-rouge. Huit textes gravés à jamais dans les mémoires. Chaque soir, un des 8 otages se raconte.
Dans «La virtuose du consommé», un homme se souvient de cette vieille fille qui avait utilisé la cuisine quand il était enfant. Il se rappelle de la masse liquide et peu ragoûteuse qui s'était transformée en un consommé d'un jaune d'or pur.
Il y a aussi cette femme, raconte comment un jour, elle a suivi un jeune homme dans le métro. Un jeune homme avec un sac très encombrant, qui la conduira jusqu'à un stade où elle découvrira enfin le contenu du sac : un javelot !
A travers ces textes, Yôko Ogawa narre l'essence même de huit vies, où les événements ne trouvent pas forcément d'explication logique. C'est le cas de «La salle des propos informels B», où un homme découvre toutes sortes de réunions auxquelles il finit par assister, sans toujours savoir ce qu'il va y trouver : cours de fleurs séchées ; se divertir en sifflotant ; les amis venant au secours des langues en situation critique ; ou encore la réunion ordinaire du club du point de devant.
Dans «Le loir hibernant», un petit garçon rencontre un vieillard borgne qui fabrique des peluches à son image, estropiées ou malades, et toutes avec un seul oeil : un loir hibernant, un raton-laveur galeux ou encore un métis de chameau et d'alpaga.
Toutes les nouvelles sont teintées de surnaturel, et pendant leur lecture, on n'oublie jamais que les otages sont morts, ce qui confère aux textes une autre dimension, entre rêve et réalité. Chaque souvenir est empli d'une tension palpable, dérangeante, où tout peut basculer en un seul instant.