Entre 2008 et 2010, Yôko Ogawa a écrit 8 nouvelles pour une revue japonaise. Elle a ensuite imaginé un "subterfuge" pour les relier et cela a donné Les lectures des otages, récits enregistrés de huit personnages qui racontent non pas leur détention, mais un souvenir marquant de leur existence. Un neuvième témoignage conclut l'ensemble, signé d'un des membres de l'équipe d'intervention, qui a entendu les otages s'exprimer, sans les comprendre vraiment, puisqu'il n'est pas japonais. Comme dans tous les recueils de nouvelles, l'intérêt est inégal, mais le style et le ton d'Ogawa sont identifiables et inimitables. Des histoires ordinaires de gens normaux que l'auteure rend étranges et parfois maléfiques, dans une langue faussement simple, qui manie l'ironie ou le sarcasme, en filigrane. La nouvelle où une femme est sans arrêt harcelée parce qu'elle ressemble à la grand-mère disparue de ses interlocuteurs est particulièrement réussie. La dramatisation vient du fait que tous ses récits sont dits par des gens vivants, qui ne savent pas encore que la mort va les cueillir très vite. A travers chacun de leurs souvenirs, c'est la vie qui continue à palpiter, dans ce monde et dans l'au-delà.