"Que votre premier jour en enfer dure mille ans, et qu'il soit le plus court de tous"
Un village de pauvres paysans sans défense qui se fait régulièrement agresser par des bandits meurtriers et qui décide de faire appel à de fines gâchettes pour se révolter contre la situation, ça vous rappelle quelque chose ?
King ne nie pas les multiples références aux Sept mercenaires. Au contraire, il les revendique. Le village s'appelle Calla Bryn Sturgis : en anglo-américian, le mot final se prononce comme Sturges, le nom du réalisateur du mythique western, et dans un tel contexte Bryn fait immanquablement penser à Yul Brynner.
Dans une note finale, Stephen King rend hommage à deux sources d'inspiration, Sergio Leone et Akira Kurosawa. L'influence est clairement revendiquée.
Dans ce roman, donc, l'aspect western (présent depuis le début du cycle) est donc mis en avant, sans pour autant laisser de côté la science-fiction post-apocalyptique (pour faire simple, c'est un western avec des robots).
La principale réussite de King est dans la multiplication des intrigues. L'intrigue principale (celle des mercenaires, vous intuitez) ne suffirait pas à remplir un livre de 630 pages et reste très prévisible, alors l'auteur rajoute quelques énigmes : qui sont réellement les Loups ? Y a-t-il un traître au village ? Pourquoi ne kidnappent-ils qu'un jumeaux sur deux ?
Et, à celà, il superpose d'autres actions, secondaires pour le moment mais dont on devine l'importance pour la suite : inquiétude pour la santé des personnages, développement d'une intrigue dans le New York de Jake et la formidable histoire du Père Callahan (l'un des personnages de Salem).
Car, plus que jamais, La Tour Sombre se présente comme le cycle qui fait le lien entre les différents romans de Stephen King et tout son univers mental. Il cite directement le grand romancier Robert Heinlein et Harry Potter (King a plusieurs fois dit son admiration pour les romans de J. K. Rowling), et les robots font bien entendu penser à un autre grand écrivain de SF.
Mais il va encore plus loin. Ce qui m'intéresse le plus dans ce cycle, c'est la description de cet Entre-Deux-Mondes bien mystérieux. Et plus les pages s'enchaînent, plus le mystère s'épaissit. Mais un thème revient de plus en plus fréquemment : le rapport entre les romans et la réalité.
En effet, à de nombreuses reprises, le lecteur se rend compte que ce qui appartient au domaine de la fiction romanesque de notre monde devient une réalité dans le monde de Roland : les aventures du Père Callahan, le Magicien d'Oz (dans Magie et Cristal), Charlie le Tchou-Tchou (dans Terres Perdues) et même les vifs d'argent du Quidditch.
Voilà qui augmente encore mon intérêt pour le cycle...
PS : ce volume, Les Loups de La Calla, ne porte plus le numéro 5, mais bel et bien le 6. En effet, un nouveau volume s'est intercalé juste auparavant, La Clé des Vents. La Tour Sombre compte désormais 8 tomes.