J'ai été surpris de voir que cette fois-ci, Jax Miller n'a pas publié un polar, mais un récit documentaire lié à une des plus sombres histoires de l'Oklahoma à la fin des années 90.


J'avais adoré Candyland, Jax Miller a une véritable passion pour la Rust Belt et les territoires désolés, laissés à l'abandon, pollués par les industries minières qui sont tombées en ruines dans les années 70, semant la misère, faisant naître des régions entières peuplées d'outcasts, de fabriquants de meth et de criminels rednecks ravagés.


Ainsi, l'auteure se fait quasiment porte parole, n'émet pas de jugements, se contente de rapporter des faits en tentant le plus possible de ne jamais s'impliquer personnellement (malgré que ce soit quasiment impossible tellement c'est inhumain).


Les Lumières de l'aube retrace donc l'histoire du meurtre d'une famille entière, les Freeman, et d'une jeune femme, Lauria Bible, amie de la fille Freeman. Le père et la mère sont retrouvés brûlés et exécutés le 30 décembre 1999 dans leur mobile-home. Aucun signe des jeunes filles.


Alertés par les habitants aux alentours, les parents de Lauria Bible se précipitent sur place, coupés dans leur élan par l'inefficacité de la police locale ; celle-ci repart au bout de quelques heures constatant un seul meurtre malgré trois personnes disparues et demande à tout le monde de rentrer chez soi sans organiser de battues pour les adolescentes disparues. Ce n'est que le lendemain matin, que les Bible, étant retournés sur les lieux de l'incendie, fouillent dans les décombres pour tenter de comprendre ce qu'il s'est passé (la scène n'est pas bouclée, personne pour surveiller, nada), et qu'ils découvrent un 2e corps dans les cendres. Genre les flics n'avaient rien vu.


Ce qui est horrible dans ce récit, c'est la dureté, la peur de mourir si on dénonce, les mensonges pour couvrir, les mensonges pour gagner en célébrité, les mensonges qui n'ont jamais permis à la famille Bible de retrouver leur fille.


Police corrompue, divergences entre les parents des victimes et certaines autorités, trafic de drogues, difficultés d'enquêter 20 ans après les faits à cause des ravages de la meth ... Pfiou.


C'est de la curiosité malsaine, morbide. On plonge dans ces horreurs comme on plonge dans un polar, on compatit, on a la gorge qui gonfle souvent, le coeur qui cogne. Bref c'est écrit pour donner envie de lire, jouant sur notre empathie, mais le but est louable ; aider la famille à retrouver Lauria.


Véritable plongée en Enfer, un peu complexe au niveau des termes juridiques et propres à la culture et au découpage géographique, Les Lumières de l'aube met mal à l'aise, fait penser à ces documentaires qui nourrissent les légendes urbaines et les histoires de serial-killer.


J'ai un sale goût dans la bouche lié à la curiosité qui m'a poussé à lire ce roman. Il n'en reste pas moins très bien écrit. L'auteure essaye de toujours rester objective ; on comprend que garder son sang froid face à certains témoignages, à certaines situations ou à la pure et simple sensation qu'on est suivis et qu'on va finir au fond d'un puits pour vouloir mener une enquête trop loin, est difficile et justifie largement les crises d'angoisse et qu'il faut une sacré dose de courage (qu'elle ne s'attribue pas pour autant non plus).


On ne passe pas un bon moment en lisant Les Lumières de l'aube.


Est ce qu'il est pour autant inutile ? Non, il faut juste le lire objectivement et ôter toute fascination pour le coté morbide de l'histoire, et on remercie l'auteure de nous avoir épargné certains détails qui auraient vraiment été maladroits dans l'écriture.


Bref, chapeau Jax Miller, et je vous conseille ses deux polars par la même occasion !

LouKnox
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le 22 oct. 2020

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Lou Knox

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