Un éclairage intéressant de certains « Maîtres d’Hollywood »

Après une critique sur une série, je tente de surprendre une fois de plus mon lectorat en leur proposant une critique d’un livre abordant le cinéma à travers des « Maîtres d’Hollywood ».


Avec ce deuxième tome, Peter Bogdanovich nous permet de (re)découvrir des entretiens dont certains n’avait pas été publiés à l’époque dans Esquire. A travers les réponses qu’il a obtenues sur plusieurs années (notamment pour Hitchcock, Lumet), il apporte un éclairage sur leurs carrières, leur apports dans l’industrie du cinéma ou de la télévision, ainsi que leur vision en tant que cinéaste d’aborder le 7ème Art.


Difficile de passer à côté, en tant qu’admirateur, des entrevues de Sir Hitchcock surtout qu’elles constituent une pièce maîtresse de l’œuvre (+ de 110 pages). Ce n’est pas forcément une redite de l’œuvre culte de Truffaut. L’auteur en a bien conscience. Il donne son point de vue personnel sur sa position inédite de cinéaste ayant réussi autant derrière la caméra que devant avec sa série télévisée Alfred Hitchcock Presents. Bien avant HBO et NETFLIX, le monde de la télévision était très mal vu en terme de créativité par rapport au cinéma. Alors qu’aujourd’hui, c’est devenu un passage obligé même pour des cinéastes oscarisés. Je pense que Cuàron ne me contredira pas sur ce point là ! Pour en revenir au livre, les anecdotes glanées sont intéressantes autant sur sa perception du cinéma britannique et d’Hollywood des années 30 aux années 70 que sur l’homme lui-même.


Avec Edgar George Ulmer, il aborde la créativité dont il a fait preuve à chaque fois pour terminer ses films, notamment par manque de financement. Mais aussi la diversité de films créés par la communauté juive dans l’Industrie cinématographique américaine. Cet attrait pour l’auteur est compréhensible car il est lui-même issu d’une famille d’émigrés d’Europe de l’Est. D’où l’importance de cette partie dans cet ouvrage .


Avec Joseph H. Lewis, j’ai découvert la carrière d’un cinéaste ayant toujours sur conserver son intégrité jusqu’à la fin, grâce à sa répartie envers les producteurs et sa rapidité de mise en scène car il finissait souvent avant les délais imposés. Avec cette partie, Bogdanovich souligne l’importance de maîtriser l’art du montage en tant que réalisateur afin d’imposer son style cinématographique par rapport aux autres Yes man. Ce dernier considère Gun Crazy comme son meilleur film. Tout comme la communauté de SC, si on regarde la note moyenne sur le site. ^^


Avec Franck Tashlin, il s’agit de l’entretien le plus court du livre (moins de 10 pages) abordant essentiellement ses collaborations avec l’incroyable comédien Jerry Lee Lewis et sa perception de l’animation notamment avec les Merry Melodies.


Avec Chuck Jones, l’univers de l’animation est abordé, avec lucidité et beaucoup d’humour, tout en donnant des précisions sur la création de certains personnages iconiques des Looney Toons. Ce dernier démontre l’importance de l’illustrateur sur le réalisateur dans ce domaine si technique.


Avec Otto Preminger, j’ai eu un aperçu des relations particulières qu’il entretenait avec les producteurs pour mener à bien certains projets, de l’importance de sa vision personnelle dans la mise en scène et de la caractérisation de ses personnages.


Avec Robert Aldrich, Bogdanovich relate la difficulté d’un cinéaste de réaliser de grands films, à travers son combat avec les producteurs pour imposer des scènes et les acteurs pour en tirer la meilleure prestation. Notamment à travers la mise en scène de son Vol du Phénix. Aldrich évoque également la présence des femmes dans le cinéma à travers 2 films : Qu’est-il arrivé à Baby Jane et Chut, Chut… Charlotte. D’après lui, l’exercice le plus dur pour un réalisateur est d’imposer un film biblique comme Sodome et Gomorrhe tout en se confrontant avec la censure.


Avec Don Siegel, parler de sa collaboration avec Clint Eastwood était plus qu’évidente notamment avec Un Shérif à New York. Cette partie nous montre comment se comporte Siegel avec ces acteurs pour proposer le meilleur film avec le minimum de prises possibles. Essentiellement pour tenir les budgets voulus par les producteurs. Il est fier de ses séries B comme de ses films cultes, même s’il est conscient des défauts de certains. Ce n’est pas un adepte de la violence dans ses films parce qu’elle ne doit « jamais gratuite » et qu’elle constitue un ressort scénaristique important dans la caractérisation de ses personnages. Pour lui être considéré comme un réalisateur de films d’actions, comme un certain John McTiernan, n’a aucun sens car il ne se cantonne pas à réaliser un seul type de film.


Sidney Lumet clôt ce volume en souhaitant devenir un réalisateur qui compte, au moment de la première interview. En effet, il n’avait réalisé que 4 films. Lors de la deuxième interview, il a réussi à obtenir ses galons de cinéastes à suivre dans les années 1970 après la crise Hollywoodienne de 1963. J’ai aimé l’évolution de sa perception en tant que réalisateur notamment en expliquant la différence et la complémentarité entre la direction d’une pièce de théâtre et celle d’un long métrage.


Ce livre est, sans aucun doute, essentiel pour les amateurs des metteurs en scènes précités. Il intéressera également toute personne touchant de près ou de loin à l’industrie du cinéma, autant d’un point de vue historique qu’au niveau de la créativité et des compétences qu’il faut avoir pour réussir un film.


Bonne lecture et @bientôt !

Hawk
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le 3 avr. 2019

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