Un très beau roman qui prend des allures de conte, contes dont il s'inspire d'ailleurs et qui sont fréquemment relatés au cœur même du récit, qu'ils soient japonais ou issus des peuples autochtones canadiens.
Cela confère au récit, qui de plus fait la part belle à la nature sauvage qui est et ne juge pas, s'abstient de toute considération morale contrairement à l'arbitraire humain, une poésie et une douceur qui tranchent avec la violence son propos.
Le récit aborde la question du racisme, du traitement scandaleux des immigrés japonais et de leurs descendants pourtant canadiens, la difficulté pour ces derniers de trouver leur place entre des parents qu'ils ne comprennent pas, trop soumis et polis à leur goût, et leur pays de naissance qui ne les accepte pas ; mais aussi le rapport de l'homme à la nature, son sentiment de supériorité destructeur, rompant l'équilibre fragile d'un écosystème pourtant efficace.
C'est aussi la rencontre de deux êtres, Hannah une jeune fille dont la mère japonaise est venue vivre au Canada car elle n'était plus bonne à marier dans son pays natal au vu des dettes de sa famille, et qui va subir toute la violence et le rejet d'une société en plein abord d'une guerre où le Japon fait partie de l'ennemi ; et Jack, un creekwalker, chargé de compter les saumons, espèce importante pour la vie de la forêt, homme solitaire, brisé, amoureux de poésie mais parfois misanthrope jusqu'à l'extrême.
Les deux vont se découvrir, se changer un peu, panser leur plaies et apaiser leurs regrets.
Pour trouver la paix ?
Un bien joli roman, touchant, poétique et au sujet original.