Généralement peu friand de fantasy, de dragon et autre sorcellerie, Les salauds gentilshommes est un série qui m'attirait tout de même depuis un certain temps car elle semblait correspondre à l'idée que je me faisais d'une bonne saga de fantasy : une série avec du renouvellement, des personnages attachants et l'absence de Mary-sue. Et je n'ai pas été déçu.
« Les mensonges de locke Lamora » place son action dans une ville insulaire du nom de Camorr.
Au sein de cette gigantesque cité commerçante, aux rues grouillantes de vie et aux institutions pourries jusqu'à la moelle, les salauds gentilshommes forment une fraternité de voleurs, un groupe soudé qui a fait de l'escroquerie, de la rapine et du subterfuge un art de vivre.
Le chef de cette bande de chapardeurs professionnels, Locke Namora, surnommé la Ronce de Camorr, n'a qu’une seule idée en tête : voler la noblesse de la ville et braver les interdits imposés par la pègre locale.
Mais malheureusement cette dernière semble être en bien mauvaise posture. Entrée dans une guerre clandestine contre l'insaisissable Roi Gris, son autorité vacille de jour en jour et les salauds gentilshommes vont rapidement se retrouver au centre d'un conflit meurtrier.
Le livre nous propose donc une histoire prenante au rythme haletant qui se concentre sur les manœuvres politiques de la noblesse et de la pègre et sur les arnaques nettes et sans bavures des salauds gentilshommes.
Corruption oblige, l'histoire multiplie les rebondissements, les personnages et les situations avec une fluidité et une finesse qui force l'admiration.
Avec une écriture brillante et des dialogues délectables, le lecteur n'est jamais largué malgré la densité des péripéties et des différents protagonistes.
La narration est également habile et empêche l'intrigue de sombrer dans la monotonie. Chaque chapitre est entrecoupé d'un interlude se déroulant des années auparavant qui raconte l'intégration et l’initiation du jeune Locke Namora au sein des salauds gentilshommes.
Ces passages sont centraux car ils permettent de mettre en avant les sentiments qui animent les personnages et de présenter judicieusement les uses et coutumes qui régissent la ville de Camorr.
Les mensonges de Locke Namora est un livre de fantasy à l'histoire classique mais qui ne respecte pas les codes de la fantasy dominante.
Tout d'abord, le héros de l'histoire n'est ni un chevalier, ni un jeune garçon de ferme à la soif d'aventure intarissable.
Il s'agit d'un homme mature, cynique, au sens moral ambivalent et passionné par son métier qui s'est spécialisé dans le larcin et les ruses les plus sournoises.
Bien que intelligent et rusé, Locke est incapable de ce battre et se ferait rapidement dessoudé si il n'avait pas les autres gentilshommes pour l'épauler.
Il s'agit selon moi du point fort du livre : en refusant de donner un champ de compétence étendu à son personnage principal, l'auteur évite non seulement le piège de la mary-sue mais en plus, il crée un lien de fraternité plausible entre les différents personnages du groupe.
Les salauds gentilshommes sont non-seulement attachants mais en plus ils servent complètement l'intrigue et ne sont jamais mis de côté.
Que ce soit Moucheron, Jean Tannen, ou les deux frères, ce groupe est incroyablement cohérent et sa séparation est impensable tant ses membres sont complémentaires entre eux. Scott Lynch à su créer une véritable alchimie entre les différents personnages.
L'univers est également original avec ses enjeux politiques crédibles, ses coutumes variées, son passé riche et profond et l'absence des sempiternelles peuples elfes et nains.
La magie est présente mais elle ne se manifeste que rarement et n'est absolument pas démocratisée au sein de ce monde très pragmatique et terre-à-terre.
En réalité la magie est un élément essentiel de l'intrigue mais l'auteur la présente comme quelque chose d’incompréhensible pour le commun des mortels et de très chère à employer.
Prenant, bien écrit, rythmé et passionnant, les mensonges de Locke Namora est une immense bouffée d'air frais dans le monde de la fantasy actuelle et un véritable coup de maître de la part du talentueux et prometteur Scott Lynch (il s'agit de son premier roman).
700 pages d’émotion, de rebondissements, de dialogues agréables, de descriptions enivrantes et de personnages attachants !
700 pages de pur bonheur de lecture !!
Vite la suite !!