L'histoire nous fait suivre un jeune clerc, Jacob de Zoet, qui prend son poste dans un comptoir reculé de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, dans la baie de Nagasaki, à la fin du 18ème siècle. Alors que le sujet semble limité, David Mitchell parvient à nous entrainer dans un monde fascinant, peuplé de personnages drôles, mystérieux ou attachants, et qu'on quitte bien à regret une fois le livre terminé.
On ne peut pas parler des Mille Automnes sans mettre en avant ses qualités littéraires, son ambition folle: fresque historique, conte exotique, roman d'aventure, récit de marin, l'écrivain enchaîne les styles avec une virtuosité incroyable qui force l'admiration.
Sa concision et sa précision sont redoutablement efficaces. Quelques mots, quelques phrases lui suffisent pour faire vivre un personnage, pour dresser un décor. L'aspect documentaire sur la vie des marchands hollandais et des japonais de l'époque n'est jamais ennuyeux, et c'est tout en subtilité que David Mitchell analyse la confrontation de deux mondes, de deux cultures.
On pourra peut-être trouver que l'intrigue tarde à se dessiner : en effet le livre est construit sur l'alternance des points de vue, et il nous faudra passer un peu de temps avec chaque personnage avant que les enjeux apparaissent clairement. Mais dès lors il devient difficile de lâcher le livre. Rebondissements, trahisons, complots et actes de bravoures, le suspense est haletant.
La dernière partie du livre, plus courte et plus calme, n'en est pas moins très émouvante, et donne à méditer.
Enfin ce que nous raconte aussi et surtout Les Mille Automnes, c'est une très belle histoire d'amour qui défie le temps et les distances. Un livre inoubliable.