les mille et une phrases pour ne rien dire
L'aphorisme est un genre périlleux et n'est pas René Char qui veut. Olivier Py en fait la désolante démonstration dans ce livre bavard, plein de lieux communs et de paradoxes puérils. Peu d'idées dans cet ouvrage, qui répète ad nauseam que le théâtre est de l'être au présent (ce qui n'exclut naturellement ni le passé ni l'avenir). Beaucoup de formules frisent le ridicule : "le théâtre est un feu allumé par une étincelle d'éternité" ; le théâtre est un effroi qui se change en fleur", et même le consacrent : "Le théâtre est l'érection du phallus universel" ; "le théâtre est une obscure clarté qui monte vers les étoiles".
Et non seulement c'est toujours la même idée qui court, mais c'est le même modèle syntaxique qui prédomine : "Le théâtre est l'invraisemblable qui vient dans le vraisemblable" 431 ; "le théâtre est l'indivisible qui vient dans le divisé" 455 ; "le théâtre est l'inséparable qui vient dans le séparé" 466 ; "le théâtre est l'inénarrable qui vient dans la narration" 514 ; et ainsi de suite, on se croirait dans un exercice de grammaire : sur le modèle "le théâtre est + paradoxe, rédigez mille et une phrases...
Bref, c'est prétentieux, redondant, ça se donne des airs faussement profonds : tout ce que je déteste !