Comme le titre l’indique, le metteur en scène, comédien et dramaturge Olivier Py propose mille et une définitions du théâtre, certaines longues, beaucoup d’autres courtes, certaines poétiques, et nombre d’entre elles qui donnent vraiment à penser. J’ai d’ailleurs mieux compris sa mise en scène de l’opéra Manon grâce à ce livre. Quelques analyses sur Hamlet, exemple récurrent, sont également intéressantes.
De tout cela, on peut retenir plusieurs idées principales, plusieurs fois développées, assez révélatrices de ce qu’est le théâtre contemporain. Ce sont d’ailleurs des tendances qui ne satisfont mal quand je vais au théâtre : tout d’abord, le théâtre est immanence, célébration du présent, du moment. En cela, c’est un remède à la peur de la mort.
Ce n’est pas un art (Py insiste beaucoup là-dessus), ni un discours, mais une expérience. Il ne faut donc pas chercher à comprendre une pièce, mais se laisser entraîner, envoûter, ensorceler, que sais-je encore. Ne rien comprendre à une pièce serait normal, voire plaisant !
À cela, Py ajoute une forte dimension catholique, à travers des métaphores filées omniprésentes : le jeu du comédien est pensé à travers l’Incarnation, ou même le sacrifice christique, spectateurs et acteurs entrent en communion, le sens se cherche et se trouve en Dieu, et l’homme est présenté sans cesse comme à la recherche du pardon, de la pureté originelle, etc. Soit.
Il y a donc bien des choses intéressantes dans ce livre, mais il est trop long ! Beaucoup d’idées sont répétées, voire ressassées. De même un nombre considérable de définition repose sur des oxymores de ce genre : « Le théâtre est l’inséparable qui vient dans le séparé », ou « Le théâtre est l’indicible qui vient dans le dire ». Ce procédé est si récurent qu’un précédent lecteur de mon exemplaire s’est exclamé, en marge de la définition 920 (« Le théâtre est l’inconnaissable qui vient dans le connu. ») : « c’est fini, oui ? », et l’on ne peut que partager un peu de sa lassitude. On en vient à souhaiter parfois qu’au lieu de s’inspirer des Mille et une nuits, Olivier Py ait plutôt regardé du côté des 101 Dalmatiens et resserré son propos.
Au final, malgré ses qualités, le livre donne une impression de grandiloquence ; c’est pour détourner une définition du théâtre proposée par Olivier Py lui-même, « une parole amoureuse d’elle-même, qui se découvre et s’admire ». Il y a dans le livre des tentatives d’humour mais il fait rarement mouche, notamment dans les dialogues fictifs, souvent oiseux.
Ce livre peut donc se comparer à un spectacle qui montre quelques scènes brillantes, mais bien trop longue, car le metteur en scène aime trop sa propre œuvre pour rien en retrancher.