Finir un Victor Hugo, ça se mérite.
On prend le bouquin dans ses mains et on commence par se dire : "Putain c'te pavé ça a pas intérêt à être chiant !"
Parce que je suis du genre à finir les livres une fois que je les ai commencé (sauf Proust, ça c'est vraiment trop chiant).
Après 200 pages à lire la vie de monseigneur Myriel en se demandant si on a bien pris le bon livre, le nom de Jean Valjean finit par tomber et on se sent enfin en terrain connu (avec Zabou Breitman).
Bon, ça va elle pas si ennuyeuse la vie de Mgr. Myriel donc on encaisse, et vu le morceau c'est normal qu'il y ait une longue intro. Que ceux qui ne se sont pas dit au début du Seigneur des Anneaux que la lignée des hobbits OSEF me jettent la première pierre.
Ainsi donc Jean Valjean c'est pas un rigolo : il vole au clergé et aux ramoneurs savoyards et il marche seul dans la nuit.
S'en suit une longue description sur je ne sais quoi, puis finalement Jean Valjean qu'on ne nomme jamais mais bien évidemment c'est lui, bah il est plutôt sympa en fait.
Et Fantine elle n'a pas beaucoup de chance, sa fille encore moins. Déjà, on sait que le roman porte bien son titre.
Jean Valjean est rattrapé par son passé puis il finit dans un couvent avec une petite qui lui réchauffe le cœur et un vieillard pas curieux.
Allez ! Juste pour s'amuser, une petite description de 50 pages, petite hein.
Vient peut-être le meilleur moment du roman.
Gavroche !
Le titi parisien qui aurait pu écrire le manuel des castors montmartrois. Il élève des enfants plus jeunes que lui de quelques mois et il dort dans un éléphant.
Puis Marius, tel le cheveux gras sur la soupe aux neuf légumes du soleil, heureusement on s'entiche rapidement de ce jeune homme droit et naïf. Hugo parle de lui pendant encore quelques douzaines de pages sans qu'on comprenne ce qu'il vient faire là, on le saura certainement dans le courant du millier de pages qu'il reste.
Ensuite on se débarrasse plus ou moins des Thénardiers, de sacrés connards ceux-là, mais leur ainée trouve Marius à son goût.
A ce moment du livre, on se rend compte avec stupeur que Tarantino doit être un sacré fan de Hugo, car après 1000 pages à parler de gens qui n'ont rien à voir les uns avec les autres, stupeur !
Ils se rejoignent tous.
S'en suit une idylle vraiment belle entre Marius et Cosette, si juvénile et naïve que ça nous rappelle nos années lycée.
J'omets volontairement les descriptions qui précèdent et concluent l'idylle, vous l'aurez deviné.
Puis bon, ce bouquin s'appelle quand même les Misérables alors on va pas non plus en rester là.
Qu'est-ce qu'il s'est passé au début du XIXe siècle ? Ah oui ! L'émeute !
Une petite description d'une des barricade les plus imposantes que Paris ait connu (et donc il faut prendre son temps pour bien la décrire, hein), et hop !
Gavroche, Jean Valjean, Marius, Javert et tous leurs copains au même endroit !
Des balles sont tirées, des mots échangés et sans qu'on ne sache comment, nous voilà dans les égouts.
LES ÉGOUTS !
VICTOR HUGO ADORE LES ÉGOUTS, IL LES VÉNÈRE !
100 PAGES DE DESCRIPTION D'ÉGOUTS !
Mais depuis je ne regarde plus les bouches de la même façon quand je marche dans la rue, surtout que je travaille à 100 mètres de la fameuse barricade (maintenant c'est un magasin de fringues).
Javert et Jean se réconcilient à leur manière. Javert a de drôles de manières.
Et puis, contre toute attente, une espèce de happy-end, eh oui !
Ou disons une fin logique, qui nous conforme dans l'idée qu'on a bien fait de lire ce chef-d'œuvre.
Merci M. Hugo, tu as une tendance compulsive à user d'adjectifs et épithètes dès qu'un truc te plait mais c'était magnifique !
Je vous le conseille, mais je le répète : finir un Hugo, ça se mérite.
NB : les nombres cité correspondent à mes impressions du moment, ce livre ne fait pas vraiment 17 000 pages.