Pour fêter dignement la fin de l'année, j'ai voulu conclure mon périple littéraire annuel en beauté, finir sur un pavé de puta madre, sur un classique indéniable que je n'aurais pas encore lu et qui me permettrai de me la donner grave en soirée. C'est avec une fougue digne d'un cheval sauvage que je m'arrête donc devant "Les misérables" et ses 1650 pages, uber classique de notre Victor Hugo national.
Le moins que je puisse dire c'est que je suis bien content d'en avoir fini. Un chapitre de plus et je mettais fin à mes jours avec un yaourt périmé. Attention, je ne conteste aucunement le statut de grand classique à l'oeuvre de Victor Hugo, lui trouvant d'ailleurs des qualités indéniables. Déjà l'écriture. Même les réfractaires à son style ne peuvent que s'incliner devant son talent à conduire un récit, à imbriquer les uns dans les autres des rouages qui paraissent au premier abord bien éloignés. Le mec pourrait rédiger l'annuaire des télécoms que cela resterait passionnant.
Ensuite, "Les misérables" embrasse une multitude de sujets avec une générosité étonnante, s'attardant longuement sur chaque aspect en l'imbriquant parfaitement à son intrigue principale, radiographie effrayante et imposante de la société de l'époque, de son histoire, de sa politique, de sa philosophie, de ses croyances et avant tout de ses injustices. Oui, "Les misérables" est un brûlot pacifiste (comme quoi ces deux termes ne sont pas si antagonistes que ça), un hymne à la joie et aux bonheurs simples de l'existence.
Sauf qu'à force de prendre dix chapitres (là où n'importe qui d'autre n'en prendrais qu'un) pour nous raconter ne serais-ce que le passé d'un personnage secondaire n'ayant qu'un rôle limité dans l'intrigue, ou pour nous parler des guerres napoléoniennes, Victor Hugo a fini par me lessiver, par me gonfler royalement. Sur moins de mille pages, j'aurais certainement été conquis, comme je le fus pour son "Homme qui rit". Mais sur 1650 pages, on frôle le calvaire, particulièrement dans sa dernière partie, bien trop larmoyante et faisant presque figure de remplissage.
De grosses réserves donc en ce qui me concerne pour ce classique de la littérature française rédigé cependant avec un talent indéniable et qui doit être lu au moins une fois dans une vie.