Victor, mon Totor, ça fait quoi? pas loin de 25 ans que je me suis enfilé les trois tomes des Misérables?
Genre j'avais pas zappé une ligne et j'avais corné les pages des passages que j'aimais particulièrement. Genre, ils étaient pas mal cornés mes trois bouquins. Bon puis j'étais un peu fleur bleue, alors les niaiseries de Marius et Cosette, j'avais corné toutes les pages.
"Un coeur sous une pierre", Totor, fut une époque, je crois que je pouvais quasi le reciter par coeur et sans respirer.
T'imagines même pas ma déception quand j'ai visité pour la première fois les jardins du Luxembourg après ta description, ni quand j'ai appris, pour Haussmann et ses travaux qui ont pété la plupart des lieux sympas dont tu nous parles dans Paris. Et l'Elephant de la Bastille, c'est tellement plus chouette et ludique que ce génie, planté en haut d'une colonne (dont je sais qu'il y a des trucs à lire dessus mais que j'ai jamais réussi à déchiffrer, la faute au gros rond point plein de voitures que c'est devenu), même avec des rats dedans.
Bon, j'ai jamais visité les égoûts, j'avoue. D'ailleurs après cette première lecture bien naïve, sans rater une ligne je te dis, Totor, ben, tes égouts métaphysiques de Jeannot qui se fade son poids mort de quasi gendre, j'ai jamais pu me le refaire. Jamais. J'avais passé dix ans sans doute, et ma vénération pour toi a un peu faibli.
Ceci dit Totor, je tiens à te dire que ton pavé, je le kiffe. Je kiffe Javert, la palanquée de mômes Thénardier, les Thénardier, la Fantine et le grand-père qui ferait bien causette à Cosette (oui, je sais c'est parfaitement naze) en radotant sur Chénier, et Valjean, je déteste que tu aies tué tous les amis de l'ABC, j'ai pleuré des litres de larmes sur cette fresque que t'as pondu.
Mais Totor, bon sang, ton Euphrasie, elle est un brin potiche, quand même. Sans la flanquer sur une barricade, tu l'aurais faite moins quiche et t'aurais été un brin moins misogyne (oui, j'ai bien conscience que t'es très 19ème siècle, mais quand même) que j'aurais encore plus kiffé.
Mais Totor j'aime ton petit Gervais et, par dessus tout, j'aime l'évêque de Digne. Tu sais, il me fait penser au Sam de Tolkien. Il paraît pas méga utile à première vue, mais sans lui, rien n'a de sens.
Franchement Totor, ton pavé, c'est de la balle, qu'on ait dix ou plus de trente ans.