Il existe des auteurs qui ont du talent. Je veux dire, du vrai talent. C'est là une idée qui s'est imposée à moi en attaquant ce sixième tome des Seigneurs des Runes.
Pourquoi cela ? La plume de David Farland n'est certes pas dépourvue de grâce, mais peut-on crier au génie devant cette traduction française d’Isabelle Troin ? Je ne pense pas. Le verbe est élégant, stable, qui saura conserver ses atours sur ces quelques six cent pages, mais il n'en reste pas moins loin de la prose enchanteresse d'un Hypérion (Dan Simmons), de l'abrupte richesse d'une Horde du Contrevent (Alain Damasio) ou de l'élégance subtile d'une Enquête de Matsuyama Kaze (Dale Furutani).
Je n’ai pas trouvé à Farland ces qualités. Mais - à mes yeux - son talent vient du fond, et non de la forme.
Je disais donc qu’il y a une idée. Une ingénieuse et excellente idée, qui saura donner tout son sel à cette aventure qui commençait un peu à sentir le remâché. Car pour dire vrai, le récit de Fallion, qui prend naissance au départ du cinquième tome français, s'essouffle. Le garçon peine à rivaliser avec son père, c'est un fait. La seconde partie de l'histoire de Farland n'a pas l'éclat de la première, souffre de la comparaison et de l'absence de ces personnages hauts en couleurs qui donnaient du relief au récit. On s’ennuie, un peu, parfois, souvent ?
Et vient l’Idée. Qui bascule, qui bouleverse, qui émerveille. Qui abreuve de nouveaux arbres des possibles là où le sol était aride. Qui laisse présager d’une fabuleuse moisson dans les chapitres à venir, susceptible d’elle-même apporter son lot de graines, pour richement ensemencer le champ de cette « jeune » saga des Seigneurs des Runes.
Ça pousse. Alors, maintenant, j’attends.