Chouette découverte que ce roman.
Initialement paru chez Pygmalion, je ne sais pas si le texte a été retravaillé pour son passage chez Mnémos, et je me garderai donc bien de faire des comparatifs. Le texte a été écrit à quatre mains, puisque ce roman est le fruit du travail de Vincent Mondiot et Raphaël Lafarge.
Cela étant dit, de quoi est-il question ?
L'histoire se déroule à Mirinèce, une grande cité qui dirige un État, l'État des Arches, constitué de diverses provinces. Les Arches en question sont de gigantesques structures de pierre qui parcourent l'ensemble du pays. Elles ont été érigées par magie (chacune d'entre elles ne possède que deux "jambe", l'une à Mirinèce, l'autre en un autre point du royaume, à plusieurs centaines de kilomètres), et nul ne sait par qui.
La ville de Mirinèce vit dans la hantise d'une contamination qui viendrait de sa province perdue de Loffrieu, qui abrite une infection incurable qui a transformé plantes, animaux et habitants en "rebuts", des créatures ne vivant que pour tuer et dévorer leurs proies (tout ce qui n'est pas un rebut).
Une ville monde donc, puisqu'elle a dû accueillir les réfugiés de Loffrieu dans ses murs, entraînant un boom démographique imprévu, et par ricochet une paupérisation de ses classes populaires, concentrées dans les quartiers Ouest.
Et c'est un trio de mercenaires des quartiers Ouest, et plus particulièrement leur chef, Elsy, que nous allons suivre. Elsy est pétrie d'ambition (ce qui ne me l'a pas rendu très sympathique je dois le dire) et veut à toute force percer dans le mercenariat et sortir de sa fange, par tous les moyens.Une mystérieuse vague d'attentats perpétrés en ville va lui donner, pense-t'elle, l'occasion de faire ses preuves.
Bien qu'elle soit le personnage principal du roman, Elsy n'en sera pas pour autant la seule personne à y avoir droit à la parole. La narration est partagée avec d'autres protagonistes, qui apporte chacun un ton, une touche au récit.
Et j'ai justement adoré le ton des divers personnages, et le côté jubilatoire des dialogues, même si certains paraissent un peu forcé. Autre point qui m'a intéressé : le roman se situe dans la "zone grise". Aucun des personnages n'apparaît vraiment comme "bon" ou "mauvais", tous ont leurs motivations, leur justification pour les actes qu'ils perpètrent , et tous ont des côté attachants.
L'univers est intéressant, largement laissé dans l'ombre, et ne se dévoile que petit à petit, d'abord par le biais des en-tête de chapitres, constitués de textes d'ambiances (extraits de livres, de discours...), ensuite dans le cœur du récit, par des dialogues d'exposition courts, et espacés, ce qui nous évite un écueil classique de la fantasy : le long pavé de texte d'exposition super chiant.
La magie, et notamment celle lié aux miroirs, tient une place importante dans le récit, et est assez intéressante. Les miroitistes sont capable de recréer mentalement le monde tel qu'il s'en souviennent, et peuvent y accéder (et en ouvrir l'accès) via les miroirs, ce qui permet de voyager discrètement et en toute sécurité.
Bon, je schématise hein, mais je veux pas vous faire un long pavé d'exposition chiant, et puis ça vous gâcherait la lecture si je vous en disais trop sur ce que permet cette magie.
Un roman efficace et plaisant, qui pourra frustrer les lecteurs et lectrices qui aiment les univers exhaustifs. Pleins d'éléments resteront dans l'ombre (et c'est très bien ainsi).