Sceptique au départ, conquis à l'arrivée.
Sceptique d'abord, comme si le thème était déjà éculé alors que j'aborde presque cette littérature. Je crois savoir un peu le machisme, le patriarcat, les violences innombrables (et si souvent innommables) faîtes aux femmes. Que reste-t-il à dire, sinon à faire ?
Eh bien, dire le "vagin", le dire, le raconter, le décrire, le scander, le défendre, le magnifier, le poétiser, l'essentialiser, l'historiciser, le contempler, le laisser se dire, le laisser nous taire. Le rendre dicible est un mode d'action. Faire bouger le lecteur l'est aussi.
En écoutant ce personnage si souvent bâillonné, au travers de mots si poétiques et emplis de vie, j'ai été conduit tout à la fois à reprendre quelques de mes représentations, à éprouver presque plus intimement le flot, le déchaînement de vie du vagin, sa beauté et sa puissance et, par contraste, les cruautés qui le tarissent et le trahissent, les violences qui l'accaparent et le mutilent, les stratagèmes langagiers qui parlent de notre peur et d'une tentative de maîtrise bien plus que de lui. J'ai enfin été amené à magnifier, à cette occasion et pour mon propre compte, le corps féminin.
Certains silences coupables valent bien un monologue !