Les Mouches par Cinemaniaque
J'avoue avoir entamé la lecture de la pièce avec de l'appréhension et, disons-le, des pieds de plomb. Non pas que les quelques lectures que j'ai faite de Sartre ont violé mon cervelet avec un cactus hépatique, mais presque...
La surprise est donc d'autant plus grande : ce livre est bien ! Bien sûr, la dimension philosophique n'est pas absente, loin de là, mais Sartre a l'intelligence de ne pas la rendre prédominante et de laisser le texte être intelligible par tous. A la manière d'un Anouilh pour Antigone quelques années plus tard, Sartre réemploie la mythologie pour réfléchir sur la morale humaine, sur notre société déboussolée et en pertes de repères conventionnels.
Il n'y a pas de héros chez Sartre, et c'est là la beauté de la chose : Oreste, non-sauveur de son pays, provoque un dieu qui déteste ses créations et tue la vieille génération pour libérer les siens. Je ne me lancerai pas dans une analyse ici mais ce point de départ me suffit amplement pour m'amener à aimer cette oeuvre riche et intelligente, intense (tant sur le fond que sur la forme, au vu des monologues) et qui n'a pas trop vieilli de prime abord.