Deux êtres abîmés se rencontrent un soir, à San Francisco. Ils traînent chacun derrière eux des lambeaux d'une vie dévastée. Ils n'ont plus rien et pourtant ils ont encore ça : ce passé qui leur colle à la peau. Pour Sam, sa vie est condamnée, maudite diraient les fatalistes ; Jane, elle, a eu les ailes coupées en plein vol et n'a pas réussi à se relever. Les nuits de San Francisco résonnent de la voix de ces deux êtres, de leur misère respective, différente mais en même temps si similaire, qui se rencontrent au détour d'une rue. Au détour d'une rue ils se reconnaissent et ne se quittent plus.
Si la vie ne le fut pas, l'histoire est équitable pour eux. Chacun a son espace, chacun a sa partie qui raconte avec une distance désabusée comment ils ont pu atterrir sur ce banc à minuit, échoué sur les rivages du rêve de l'Ouest américain. Mais si Jane prend corps, surprend avec ses répliques, Sam, lui, ne reste que l'ombre de lui-même. Il n'a pas perdu ses convictions avec son foyer : il n'en a jamais eu.
J'ai trouvé dommage que les deux faces du miroir, matérialisées par les deux parties du roman, ne soient au final pas exploitées comme elles auraient pu l'être. Le même dialogue est répété, sans ajout, sans enrichissement, sans intérêt finalement. Et la fin est inévitable, prévisible je dirais, mais n'a malheureusement pas la dimension frappante à laquelle je m'attendais.
Mais pour une heure de lecture, cette rencontre est simple et c'est pour cela qu'elle est belle.