Ce livre est le premier que je lis de Caryl Férey, après être tombé dessus par hasard, me permettant de découvrir l'univers du "Normando-Breton" auteur de Zulu.
Se lisant extremement rapidement du haut de sa petite centaine de pages, l'ouvrage nous enmène à San-Francisco, sur le chemin des marginaux, perdus et écorchés. On y retrouve un Indien, qui, arrivé au bout de ses errances rencontre enfin une femme. De la pourrait jaillir le drame le plus classique, ou l'histoire d'amour la plus niaise et prévisible existante. A l'inverse, Caryl fait le choix de se placer entre les deux, distillant peu à peu jusqu'au dernier mot une histoire glauque, froide, profondément triste et désabusée.
Au creux d'une même histoire racontée sous deux perspectives jaillit une relation malsaine, une manipulation, une vengeance froide et odieuse car abstraite touchant des personnes fragilisées par leurs trajectoires de vie, se retrouvant brisées par leurs besoins d'existance.
Abstrait, forcément lacunaire mais finalement efficace et agréable, ce livre, sans être une œuvre qui restera, pour moi, dans les annales, se parcourt facilement et permet de passer un moment agréable avec un auteur contemporain qui sait manier les mots sans gloser inutilement, tout en sachant construire ses phrases, ce qui est malheureusement quelque chose qui se raréfie dans les vagues et reflux que nous vomissent chaque rentrée littéraire.