Décadence

J'ai éprouvé bien du mal à me sentir réellement transportée par les dires de Gary. Peut-être car cette "ironie mordante" censée faire le cachet de ce recueil tourne rapidement autour des mêmes sujets, des mêmes types de personnages et ne se voit pas vraiment sublimée par un style littéraire percutant.

Ce recueil peine à trouver son rythme et on éprouve un certain sentiment de vide au fil des nouvelles du centre. "Les oiseaux vont mourir au Pérou" s'envisage comme une entrée en matière bien ficelée et dont on en tire un réel potentiel. Puis, on s'enlise rapidement dans un train train un peu mou, dans lequel Gary réemploie un peu trop souvent un personnage masculin type d'une cinquantaine d'années appartenant aux hautes sphères. Idem pour les thèmes, rapidement récurrents, entre l'art et la littérature comme libération de l'âme ou les femmes qui répondent des mêmes stéréotypes.

Les titres des nouvelles apparaissent, dès lors, vachement pompeux, pas très évocateurs et relativement hermétiques. 90% des titres dont on peut citer "La plus vieille histoire du monde" ou "Gloire à nos illustres héros" pourraient être facilement réutilisés pour raconter plein d'autres choses. Plus que de vouloir créer des titres qui résonnent comme des citations ou que sais-je, c'est tout de même un peu plus réjouissant de leur insuffler une quelconque âme...

Dernier frein à l'immersion au sein de ces récits; un style littéraire qui ne casse pas trois pates à un canard. Le vocabulaire employé l'est de manière totalement conventionnelle, tout comme les tournures de phrases qui ne font jamais tomber des nues. Ce qui n'empêche pas non plus que les nouvelles soient toujours très bien introduites et le topo dressé rapidement, avec tout autant d'aisance.

Pourtant, la sauce ne prend pas, malgré l'ingéniosité de certaines histoires comme "Citoyen pigeon", notamment. Il manque quelque chose pour que le tout fonctionne réellement et je pense que cela se situe au niveau de la narration. Les choses sont dites limpidement, les paradoxes mis en évidence avec un humour certain, mais avec trop de platitude pour se prendre la claque attendue.