Vous connaissez ce phénomène ? Quand l'auteur décrit un sentiment ou une émotion et qu'on se dit: "C'est ça ! C'est exactement ça ! Au mot près ! J'ai déjà ressenti cela et j'aurais utilisé les mêmes mots pour le décrire". Et bien avec Les Orages de Sylvain Prudhomme, cela se produit à chaque page. La nostalgie, la rédemption, l'abattement, l'espoir, l'indolence, la fierté, la peur de voir ses parents mourir, le désir. Tout y passe. Avec ce recueil de 13 nouvelles, Sylvain Prudhomme démontre de façon incontestable sa sensibilité et sa connaissance de l'âme humaine. Pour être plus précis, on pourrait même dire l'âme des hommes et des femmes d'aujourd'hui entre 25 et 40 ans.
L'intrigue de chaque nouvelle est assez mince. Les nouvelles sont d'ailleurs assez courtes (15 pages en moyenne). Chaque texte se concentre sur l'intériorité d'un personnage à un moment précis de sa vie. Dans certaines nouvelles le moment choisi correspond à un épisode charnière: être au chevet de son bébé entre la vie et la mort (dans la 1ere nouvelle), se reconstruire après un accident (dans la dernière), vendre l'appartement dans lequel on a vécu 20 ans. Dans d'autres textes, c'est un moment plus anodin qui permet pourtant d'aborder des sujets lourds comme un proche atteint d'Alzheimer ou l'usure du couple.
Les nouvelles intitulées "Les Cendres", "La Vague" et "La Nuit" m'ont particulièrement touché par leur justesse, leur poésie et leur tranquillité.
Cette tranquillité lumineuse, on la retrouve dans chaque texte. Malgré les épreuves quelque chose de doux affleure, entre résignation et résolution, car la vie continue malgré tout.
Ce n'est pas mièvre. Ce n'est pas nombriliste. C'est incarné, équilibré et réconfortant. Nous connaîtrons tous des orages mais nous avons tous, en nous, la force de les surmonter tranquillement.