Les premiers romans de K.Dick se suivent et ne se ressemblent pas. Ce troisième roman de l'auteur tient beaucoup plus de la fantaisie que de la science-fiction.
Sur un canevas assez commun chez l'auteur, le roman développe d'abord un récit fantastique nimbé de mystère qui tient en haleine. Notre héros retourne dans sa ville natale 18 ans après l'avoir quitté mais ne reconnaît pas les lieux et pire, découvre qu'il est censé être mort à l'âge de 4 ans. Certes, le principe n'est pas hyper original mais il fonctionne bien, avec notamment parce qu'on veut les réponses aux questions.
Sauf que très vite, le récit emprunte les codes de la fantaisie en développant l'intrigue d'une guerre ancestrale entre deux puissances, ayant adoptées des avatars humains. Un côté se bat avec des araignées et des serpents, l'autre avec des abeilles et des papillons, le premier représentant le bien et l'autre le mal. Et malheureusement, à partir du moment où l'histoire donne les réponses attendues, le récit devient beaucoup plus balisé et conventionnel et donc moins attrayant. Jusqu'à une bataille finale un peu expédiée.
Malgré tout, ce troisième roman porte en gestation les futures obsessions de l'auteur : cette idée que la réalité n'est pas ce qu'elle semble être et que "la réalité c'est ce qui disparaît quand on cesse d'y croire", ici les personnages parviennent à ramener l'ancienne ville en y croyant très fort. Un principe esquissé ici et qui sera développé de bien meilleure façon par la suite. Un work in progress en somme.