Première incursion de Dick dans le fantastique
Ted Barton a grandi dans une petite ville des Appalaches, Millgates, qu'il a quittée à l'âge de 9 ans. Après 18 ans d'absence, il revient au bercail.
Il découvre avec effroi que la ville de Millgate n'a rien à voir avec celle qu'il a quitté deux décennies plus tôt : les rues ont changé de nom, les boutiques ont été remplacées, un parc qu'il a bien connu a été remplacé par un quartier de taudis, la maison où il a grandi n'existe plus...Il interroge des habitants qui habitent ici depuis toujours, ont toujours connu la ville dans sa configuration actuelle et ne se souviennent ni de lui, ni du parc, ni des anciens commerces, noms de rues etc...
Des phénomènes étranges viennent accroitre le malaise de Barton : des êtres fantomatiques traversent la ville sans émouvoir les habitants (ils ont toujours existé), des enfants parlent aux abeilles, d'autres ensorcellent des golem d'argile.
Barton décide de fuir ce village de cauchemar mais un obstacle infranchissable l'en empêche...il est coincé dans une réalité altérée qui a été plaquée par une divinité malveillante sur le Millgate qu'il a connu.
[spoil]Mais Barton n'est pas arrivé par hasard. Il a été attiré par l'une des divinités pour restaurer la réalité, car il est le seul habitant de l'ancien Millgate à avoir fui la ville avant son altération. Il garde donc une mémoire exacte de la ville initiale qui lui permettra de faire sauter le sortilège.[/spoil]
Première (et dernière ?) incursion de PK Dick dans la littérature fantastique. Comme souvent dans l'œuvre de cet auteur, le dénouement est un peu faiblard mais ne vient pas vraiment gâcher le plaisir de la lecture puisque ce qui en fait la force, c'est cette idée de mondes parallèles, de réalité altérée qui sont amenés avec brio.
Le roman démarre au quart de tour et on est happés dans une histoire captivante, on s'identifie à Barton avec lequel on découvre les gauchissements et altérations de la ville.
Un roman qui aborde l'un des thèmes récurrents de l'œuvre de Dick : la perception de la réalité. Réalité absolue et subjective : Le réel, est-ce un concept objectif et absolu ou bien celui qu'on perçoit à travers le prisme de l'individu et qui est donc altéré par notre conscience : je ne vois pas la même chose que mon voisin.
Question secondaire : si je sais que je vis dans un fantasme, suis-je pour autant prêt à y renoncer alors que j'ignore ce que je serai dans le monde réel?