Les Papiers de Jeffrey Aspern par BibliOrnitho
Un roman court et incisif qui aurait été digne de figurer dans le recueil de nouvelles de Barbey d'Aurévilly : Les diaboliques.
Le narrateur, un éditeur américain, est passionné par Jeffrey Aspern, poète de renom mort plusieurs décennies auparavant. Il admire l'œuvre mais également l'homme qu'il a sacralisé. Il dépense sans compter son temps et son argent (bien qu'il ne soit pas spécialement riche) pour recueillir ce qui lui appartenait (portrait, correspondances, manuscrits...) : de véritables reliques à ses yeux.
C'est la raison de sa présence à Venise. Dans une ambiance feutrée qui me rappelle le célèbre roman de Thomas Mann, notre homme pénètre l'intimité de deux demoiselles en retraite dans la cité des Doges. L'une est très âgée et au moins centenaire : elle n'est autre que la vieille bonne amie du poète. L'autre, plus jeune (mais plus toute fraiche) est sa nièce, ou petite nièce : le narrateur n'est sûr de rien. Elles auraient en leur possession des papiers. Que sont-ils réellement ? Sont-ils nombreux ? Existent-ils seulement ? Henry James laisse le doute planer mais le narrateur en est convaincu et va tenter de se les approprier, sans trop regarder les méthodes employées.
Un livre que j'ai trouvé magistral (n'ayons pas peur des mots). Un huis clos à la fois lent, sans une ride à l'image de la lagune en cet été de fin du XIXe siècle, et haletant : impossible d'en prévoir l'issue. Le suspens reste entier jusqu'au dénouement final.
Superbe !
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