Les Particules élémentaires par Chro
Par Fabrice Deleplanque
Pour certains, le roman a pour vocation de sublimer l'existence. Le romancier s'efforce de représenter les épisodes douloureux de la vie de façon poétique, atténuée, ou mieux de les faire concourir à l'édification morale du lecteur. Il ressent l'exigence esthétique ou éthique d'ajouter délicatement un peu de bon sens et de vertu là où règnent en réalité le chaos et l'injustice, de ficeler un mensonge bienveillant aidant à faire passer la pilule. D'autres, comme Michel Houellebecq, pensent que décrire la vie comme une idylle reviendrait à prendre un peu les gens pour des cons. Le roman doit sonder, avec précision et sans ménagement, les plaies du corps social moribond. A cet égard, son deuxième roman, Les Particules élémentaires, semble procéder d'une démarche plus "scientifique", disons sociologique, qu'esthétique ; et l'approche du IIIe millénaire lui inspire un bilan et des perspectives extrêmement pessimistes.
Il retrace l'histoire de deux demi-frères, Bruno et Michel, confiés dès leur naissance à leur grand-mère respective. Nous sommes dans les années soixante et un mouvement de libération s'empare des mœurs. Leur mère, qui les avait conçu dans un moment de distraction, considérait leur éducation comme un obstacle à son épanouissement personnel. Bruno deviendra obsédé sexuel, dépressif et alcoolique, et accessoirement professeur de français. Michel sera un brillant chercheur en biologie à la libido plutôt végétative, plus intéressé en fait par les aspects cellulaires de la reproduction que par leurs modalités érotiques. Incapable d'éprouver le moindre sentiment pour ses semblables, il se réfugiera dans les mondes abstraits de la physique quantique et de la biologie moléculaire. (...)
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