Delphine Minoui, en plus d’être auteure, est reporter au Figaro. Par là même, elle sait où chercher les sujets. Et pour ce livre, elle en a trouvé un excellent, et pertinent, à raconter…
Tout part d’un cliché. Une photo trouvée sur la page facebook « Humans in syria ». Cette page affiche des photos de photographes syrien. Et au milieu des clichés sanglant, violent, montrant la situation atroce du peuple syrien, elle tombe sur cette photo :
Une image d’un calme d’autant plus étonnant qu’elle est prise à Daraya, une ville assiégée, subissant constamment les attaques de l’armée de Bachar Al-Assad. Elle retrouve alors la trace du photographe, et va entamer une discussion avec lui, au fil des jours, et découvrir le secret de cette bibliothéque, de ce lieu où se réunissent les Syriens survivant sous les bombes à Daraya, pour lire tout simplement. Hommes, Femmes, civils ou combattants, y ont rassemblés les livres trouvés ici et là, souvent dans les décombres, pour les empêcher de disparaître. Ils ont mis en place des régles, et même un journal pour faire vivre ce lieu hors du temps, qui leur offre les instants de bonheur qu’on leur vole chaque jour, chaque heure.
L’auteure est ainsi surprise de découvrir des gens qui lisent de tout, et qui vont ensuite se battre pour reprendre leur pays. Elle va discuter avec plusieurs d’entre eux, se lier d’amitié avec eux, remettre l’humain au centre, celui qui ne veut que la liberté. Et l’intime s’ouvrant, elle va forcément finir par aborder l’abandon de ce peuple par le reste de l’humanité, un peuple qui souffre tout autant que les Français lorsque Daech massacre chez nous. Parcequ’ils se doutent bien qu’ils vont être pris pour cible, alors que c’est d’aide dont ils ont besoin.
Difficile de faire la lecture de ce petit roman sans avoir parfois les larmes aux yeux, sans ressentir aussi, dans les rares bons moments, l’envie que cette biblothéque tienne et qu’ils puissent enfin lire, jouir de leur réussite, de leur création, dans le silence, sans les bombes...