Les paupières est un recueil de 8 nouvelles écrites vraisemblablement tôt dans la carrière de Yoko Ogawa mais éditées en 2001.
Certaines d'entre elles sont les prémices d'intrigue de futurs romans :
- Une collection d'odeurs pose l'intrigue du Musée du silence ou encore L'annulaire
- La nouvelle éponyme du recueil est le condensé du roman Hôtel Iris.
Cette dernière me semble à ce titre la plus représentative de l'ensemble.
Pitch : une jeune fille prend soin d'un homme mûr qui a chu dans la rue. Une relation se noue entre eux malgré la différence d'âge.
C'est lorsqu'il me donnait des ordres que je le préférais
A travers une relation improbable (une jeune fille de 15 ans qui se retrouve seule chez un homme célibataire de 50-60 ans), Yoko Ogawa y développe donc ses thèmes favoris :
- une ambiance de malaise
- la sensualité : effleurements, odeurs... l'auteure est devenue maitresse dans l'art de suggérer les 5 sens et de rendre l'atmosphère palpable
- le corps monstrueux : souvent Yoko Ogawa introduit-elle des handicaps qui favorisent un décalage voire un malaise (ici un homme sourd et muet, là l'hémophilie, ailleurs un manchot...)
- le fétichisme : les objets ou parties du corps tiennent des places particulières (violon, paupières, oreilles...).
- l'événement impromptu qui crée un basculement dans la routine du quotidien,
- la solitude : les 2 protagonistes sont des êtres isolés, qui semblent fuir la vie sociale.
Ils (les personnages) vivent leurs vies.
Moi, je suis en retrait, je me contente de les observer.
Yoko Ogawa (2018)
Comme dans un rêve, l'histoire se déroule devant nos yeux. Avec une succession d'images qui semblent flotter, où s'entremêlent :
- l'ordre des choses concrètes habituel,
- des événements bizarres et inattendus.
Bref l'un des meilleurs recueils de nouvelles pour profiter de l'art de Yoko Ogawa.