Tu sais minou je viens de lire l'histoire de Khadoula, qu'on appelle aussi Francoyannou, enfin Yannou c'est toi qui choisis ce que tu préfères et en fait le titre en français il est pas très correct même si on s'en branle un peu parce que du coup je trouve que le parti pris de l'éditeur est quand même assez noble (en fait en grec le titre c'est La Meurtrière)


(ça veut dire que quand tu lis le roman en grec tu places déjà le personnage principal en tant que coupable alors que tu sais même pas son histoire, c'est important même si ok des fois c'est juste de la branlette auto-introspective-personnelle de ma part mais tant pis).


Tu vois Yannou c'est une vieille femme grecque et genre, Alexandre Papadiamantis il dit comme ça que Yannou « Jeune fille, elle avait été la domestique de ses parents. Une fois mariée, elle était devenue l'esclave de son mari - et pourtant, par l'effet de son propre caractère et de la faiblesse de l'autre, elle était en même temps sa tutrice. Quand ses enfants étaient nés, elle s'était faite leur servante ; et maintenant qu'ils avaient à leur tour des enfants, voici qu'elle se retrouvait asservie à ses petits-enfants. »


Ça te pose le cadre. Genre déjà y'a une voix qui s'élève je trouve et qui dénonce la condition de la femme et de son objetisation dû à son corps. Et ça j'ai trouvé ça hyper cool de la part d'un garçon si tu veux tout savoir surtout que le texte il date de quand t'étais pas né, même le plus vieux de tous les vieux tu vois et ça veut dire que Papadiamantis - AAAAAH JE KIFFE CE NOM DE FAMI - il a écrit ça en 1903 donc tu vois les garçons qui disent que c'est juste des lubies à la con ben en fait non trouduc'.


Maintenant que t'as un peu le portrait du personnage principal et du contexte, t'es prêt à suivre l'histoire d'une femme qui pour limiter les conditions de vie déplorables des femmes à l'époque quant aux mariages et aux naissances et aux dots et mets ici n'importe quoi qui puisse oppresser parce qu'on réfléchit vraiment pas assez quand on fait des lois ou des coutumes si tu veux mon avis. Bref pour limiter ça en fait Yannou elle va péter les plombs. En tuant sa petite-fille en l'étouffant. Et comme elle devient un peu cinglée bah elle va pas s'arrêter là.


Et pendant tout le bouquin t'as sa vision des choses sur l'avortement, sur le poids qu'on fait porter aux femmes à tenir un foyer, des enfants et aller bosser tout ça en même temps alors qu'en gros les garçons tout ce qu'ils ont à faire en fait c'est travailler et jouer avec les gosses.


En fait Yannou pour éviter aux futures femmes de se sacrifier elle sacrifie des enfants qui sont pas à elle. Mais comme elle a été élevé dans la religion elle se dit que ce qu'elle fait c'est pas très catholique quand même alors elle doute.


Et ça commence à se faire remarquer les enfants qui meurent alors y'a des courses poursuites avec les flics dans les décors de la Grèce que moi je connais juste dans les jeux vidéos avec Assassin's Creed et dans 300 alors tu vois c'est limité. Ah et t'as aussi des interactions avec l'Eglise et pour le coup y'a un petit côté drôle sur les institutions clairement patriarcales et ça te fait pas mal réfléchir sur comment on a pas avancé du tout sur certains point aujourd'hui.


C'est pas vraiment léger hein, j'ai entendu parler de ce bouquin quand j'ai lu le Sorcières de Mona Chollet et ça m'avait piqué ma curiosité. J'ai pas l'habitude de la littérature grecque ni de leur façon de raconter les histoires ou la culture super différente de la mienne. C'est déroutant un peu. Comme dans les films d'Emir Kusturica j'ai trouvé où t'as de l'absurde, beaucoup de drama déguisée en comédie histoire de te dire que ce qui arrive c'est grave mais on va lui montrer à la vie qu'on peut la niquer un peu aussi à notre tour.


Ça vaut largement le coup si tu veux tout savoir, ça fait évoluer aussi sur la façon dont on aborde les femmes âgées, à vouloir les cantonner dans des rôles de grands mères gentilles et les réduire à juste faire des confitures ou être gâteuses avec les gosses.


En fait plus j'en parle et plus j'ai aimé. Ça te fait pas ça des fois à toi aussi ?

LouKnox
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le 1 juin 2020

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Lou Knox

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