Retour de lecture sur "Les petits chevaux de Tarquinia" écrit par Marguerite Duras et publié en 1953. Ce roman qui préfigure la Nouvelle Vague était d'une grande modernité en son temps, il est maintenant un peu daté et doit être remis dans le contexte social de l'époque. Il raconte l'histoire d'un couple avec un enfant, qui passe ses vacances dans une villa d'un village isolé d'Italie, en bord de mer, sous une chaleur de plomb, en compagnie d'autres personnes notamment d'un autre couple d'amis et d'un étrange inconnu. Comme souvent dans son œuvre, Duras s'intéresse avant tout aux relations amoureuses dans ces couples, et à la difficulté de les vivre. Le tout se passe sous une chaleur de plomb, et Marguerite Duras nous fait ressentir tout au long du roman cette torpeur qui écrase tout. Une torpeur qui rend tout plus compliqué, comme peut le faire quelquefois la vie elle-même. Elle nous expose avec beaucoup de maîtrise la complexité des relations, en insistant bien sur tout ce qui n'est pas exprimé clairement, sur les non-dits. Duras nous parle de routine, de passion, d'ennui, d'usure du couple, de tentations. Elle ne veut rien démontrer, elle veut juste en exposer la complexité avec beaucoup de sentiments et d'émotions, cela avec une écriture au style très simple. Les infos données par Duras sont toujours très minimalistes, on sait à peine à quoi ressemblent les protagonistes, et il n'est pas toujours évident de la suivre, de comprendre de qui ou de quoi il s'agit. On s'attache à ces personnages, à leurs histoires, malgré tout, et malgré leurs contradictions. On retrouve dans ce roman l'illustration d'une des idées de base de l'auteure qui considère que l'amour absolu est à la fois nécessaire et impossible. C'est un livre au rythme très calme, lent, avec une atmosphère très pesante. Un très bon roman d'amour, profond et réaliste, d'une puissance diffuse.