Le mot d'ordre de ce roman, c'est la différence. Réunissez un idiot, un trisomique, deux jumelles muettes noires, une petite fille qui est passée à côté de l'amour parental et un garçon orphelin et sans abri... vous avez les personnages principaux du roman. Les ? je devrais plutôt dire "le". A eux tous, ils forment une entité unique, une personne, un peu plus développée que le reste de l'humanité. Ils sont l'évolution de l'Homme, aussi étrange que ça puisse paraître.
Sturgeon se porte défenseur des marginaux, ne comprenant pas la séparation entre Blancs et Noirs, le rejet d'un idiot de la société ou le fait d'envoyer un trisomique dans un lieu spécialisé, sous prétexte qu'il est différent. Il dénonce aussi une enfance malheureuse, qu'il laisse transparaître dans ses oeuvres mais surtout ici : chacun de ses personnages a été malheureux, rejeté, frappé, et la morale est qu'ils se débrouillent mieux une fois loin de leur parents.
Si le roman a un peu mal vieilli, le fond reste d'actualité et ouvre sur une grande réflexion sur le handicap. Et si chaque personne "différente" n'attendait que de rencontrer quelqu'un qui la complète, qui lui permette d'être une entité unique ? et si derrière chaque enfant mongole ou trisomique, se cache un cerveau aux capacités hors-norme, qui n'a juste pas le moyen d'exprimer son savoir ?