Après avoir terminé le 2è tome du Livre des Martyrs, j’ai réalisé que mon avis était assez divergeant par rapport à ce que je pouvais lire ça-et-là. J'ai donc décidé d'écrire une petite critique étant donné que ce que j'ai à en dire s'éloigne pas mal de ce que j'ai pu noter dans ma critique du premier tome.
Après une premier tome en apothéose, je n'avais qu'une hâte, c'était de dévorer la suite. Ma critique du premier est disponible sur site : https://www.senscritique.com/livre/Les_Jardins_de_la_lune/critique/143017299
Passons au sujet qui nous intéresse : Les Portes de la Maison des Morts. Cette suite... a été très difficile à lire. En fait, c'était un peu la douche froide. J'ai voué un tel amour aux Jardins de la Lune, que je m'attendais à continuer avec la même ferveur. Mais en fait, j'ai eu beaucoup de difficultés à rentrer dans ce deuxième tome. Pire, j'ai dû m'arrêter après 500 pages parce que j'en avais ras-le-bol de me forcer. J'ai fait une pause de 3 mois, ce qui m'a été très bénéfique (j'y reviendrai plus loin). Pendant ces 500 pages, je reconnaissais le talent d'Erikson pour la création de son univers original et rafraîchissant, pour ses personnages aux motivations bien plus complexes (et réalistes) que dans toute autre œuvre de fantasy, et pour sa formidable capacité à nous faire ressentir un élan d’empathie envers un personnage, simplement avec une ou eux phrases tirées de ses pensées.
Je reconnaissais tout cela, mais ça ne suffisait pas à m’intéresser à ce que je lisais. Voyez-vous, on change de continent et de personnages par rapport au premier tome. Avec ces changements arrivent de nouveaux lieux, de nouveaux enjeux, de nouvelle croyances et légendes, de nouvelles motivations. On peut ressentir de la fascination pour les différents personnages et leur situation, mais force est de constater qu’ils ne se valent pas tous. Même les passages les plus appréciés généralement avaient du mal à me passionner. L’écriture ardue de l’auteur (dans ce tome en particulier) et les situations complexes qui sont décrites mettent les neurones du lecteur à contribution, au risque d’en perdre plus d’un. Ce qui m’avait toujours été décrit pour le premier tome, je l’ai en fait ressenti dans le deuxième, au point qu’il y a eu de nombreux passages (dialogues ou situation générale) que je n’ai pas compris. Et même en relisant, je ne comprenais toujours pas pourquoi tel personnage réagissait de cette manière ou bien comment se déroulait telle bataille. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas idéal pour apprécier une histoire.
Mais après 3 mois de pause, j’ai repris ma lecture pour les 300 dernières pages. Et je dois bien avouer que j’étais ravi de retrouver ces personnages et cet univers. J’ai lu le dernier tiers avec grand plaisir, même si je n’ai pas non plus été happé comme je l’espérais. Cette dernière partie est nettement plus intéressante que le reste et j’ai enfin réussi à entrer dans l’univers et à éprouver des difficultés à refermer le bouquin. La complexité reste, mais à force de côtoyer les personnages et d’avoir des explications sur l’univers, une trame plus nette commence à se dessiner dans notre esprit, et avec la compréhension et l’empathie vient inévitablement – et enfin ! - le plaisir de lecture.
Au final, malgré la difficulté ressentie à la lecture et la peine que j’ai eu à rentrer dans l’histoire, j’ai apprécié ce deuxième tome et je ne peux que saluer une nouvelle fois le talent de son auteur. Il est évident que j’espère que la suite sera moins sibylline, mais je continuerai à suivre cet univers et ces personnages. Sa richesse peut être un obstacle, l’écriture d’Erikson aussi, tant il ne fait rien pour nous aider à comprendre, mais on ne peut trouver nulle part ailleurs, je pense, une telle originalité et une telle complexité dans la fantasy. Et rien que pour ça, rien que parce que c’est une œuvre unique en son genre, je ne peux pas la laisser passer. J'espère simplement trouver dans la suite autant de plaisir que j'ai trouvé dans le premier tome.