Les Quatre Filles du docteur March par Boebis

On peut imaginer un roman sans style, sans péripéties, sans histoire, sans profondeur…mais un roman sans personnage c'est impossible. C'est le personnage qui fait le roman et en ce sens Les quatre filles du docteur March est on ne peut plus romanesque. Il ne s'y passe rien ou si peu de choses ; une année dans la vie d'une famille américaine en pleine guerre de sécession, une vie entre femmes où on se débrouille ma foi très bien sans les hommes: j'aurais un mal fou à le résumer mais il est inoubliable, par la justesse et la puissance de ses personnages: les quatre sœurs bien sûr, Meg, Beth, Amy, et Jo la plus chouette, alter ego de l'autrice mais aussi leur discrète bonne Hannah, leur mère courage un peu sentencieuse mais bienveillante, leur bon ami plus freluquet que viril, et jusqu'au père aimé mais absent. Leur sororité, leurs jeux, leurs rêves, mais aussi leur courage et leur générosité touchent en plein cœur en 2024 comme ils ont touché des millions de petits et grands lecteurs depuis 150 ans. Nous entrons avec bonheur dans l'intimité de ces attachantes sœurs, prises entre l'enfance et l'age adulte, entre les jeux d'enfants et les prémices de l'amour, mais aussi car ce n'est pas un roman de midinette, l'affirmation de son identité et de ses ambitions professionnelles et artistiques. Un âge qu'on commençait à peine à designer sous le nom d'adolescence et dont Louisa May Alcott dresse un si juste portrait. Ce ne sont pas des “filles de” comme les désignent le titre français mais bien déjà des “Little women”.