C'est presque avec un soulagement que je viens de refermer le roman de Maurice G Dantec, au terme de plus de 750 pages trés inégales il faut le dire. Ce qui sauve Les racines du mal, c'est ses parties d'exposition avec l'introduction du cas Schaltzmann, la présentation du cogniticien et de sa neuromatrice (prolongement informatique de lui-même) et la mise en place des premiers éléments d'enquête pour partir sur les traces des fous-furieux et de leurs ignominies.Les parties consacrées aux rassemblements de preuves jusqu'au dénouement sont de longueurs harassantes et ce qui pousse le lecteur à aller jusqu'au bout et bel et bien le devenir des jeunes enquêteurs embarqués sur une affaire odieuse qui dépasse leur entendement et les font s'insinuer dans la logique horrifique d'exterminateurs cinglés,inhumains et pervers. Je reconnais à Maurice Dantec une grande capacité de conteur ainsi qu'une habileté à relier plusieurs épisodes dans une même dramaturgie. Cependant, son souci obsessionnel du détail le met face à des développements trop longs et trop épars. Je conseille également aux sens critiqueurs ayant des pré-adolescents ou de jeunes adultes de les avertir sur le contenu violent,sans concessions de cette odyssée âpre et déstabilisante.Un recul s'avère donc nécessaire pour apprécier à sa juste valeur cette littérature émotionnelle,puissante dont le revers peut inspirer pour les plus fragiles un genre de fascination morbide pour ce clan exterminateur. Pour la curiosité littéraire, lire au moins un roman de Dantec n'en est est pas moins enrichissant. L'auteur, au delà de ses préoccupations scénaristiques, s'intéresse à plusieurs domaines de compétences comme la criminologie, les nouvelles technologies et les limites de leurs utilisations. Pour un livre écrit en 1994, c'est aussi une conclusion assez visionnaire rapporté par rapport au bug informatique de l'an 2000. Tel un Hergé qui a su décrire la marche sur la lune bien avant qu'elle se produise, on imagine que Dantec s'est bien renseigné ou a été bien documenté. Pas conquis ni déçu,à bout de souffle, je vous propose de tenter le voyage tout en sachant bien dans quoi vous vous embarquez.
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le 15 févr. 2015

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