Cela faisait longtemps que je n'avais plus lu un livre d'une telle qualité. J'avais déjà adoré Des souris et des Hommes de Steinbeck et celui-ci vient me confirmer tout le talent que l'auteur possède.
Le sujet n'était pas de prime abord quelque chose qui m'aurait particulièrement tenté. Mais les commentaires dithyrambiques qui accompagnent ce livre m'ont fait changé d'avis.
Bienvenue dans l'Amérique de la Grande Dépression, celle où les gens qui n'avaient pas grand chose se retrouvent sans rien. Celle où l'espoir d'un monde meilleur se trouve en Californie comme le disent les tracts. Venez, disent-ils à tous ces fermiers, nous avons du travail, et bien payé en plus !
Alors, les fermiers de différents Etats prennent la route, en voiture ou en camion pour constater sur place qu'il y a du travail mais pas assez. Et comme les gens crèvent la faim, ceux-ci acceptent de travailler pour presque rien. Et comme la demande est plus forte que l'offre, les prix des salaires diminuent pour rien. C'est l'Amérique où un tracteur a plus de valeur qu'un homme. C'est l'Amérique où une pêche représente bien plus que ces minaudiers.
La force de l'oeuvre, c'est de nous présenter une de ces familles, les Joad, et de nous parler de tout cela sans une once de misérabilisme. Sans détours non plus. C'est merveilleusement bien écrit et parfaitement pensé. Ca nous rappelle aussi que ce sont souvent les gens qui n'ont rien qui sont les plus généreux. A croire qu'une fois que l'on possède tout, on se doit de le garder jalousement et sans partage.
Les Raisins de la Colère, c'est l'histoire d'une des pages les plus sombres de l'histoire des Etats-Unis. C'est aussi une histoire où même lorsqu'on se trouve sans rien, dénué de tout, on peut encore trouver les ressources pour avancer et offrir quelque chose à quelqu'un d'autre, comme le montre si bien le final de ce bouquin.
Masterpiece.