Une réussite poétique moderne et nécessaire
Les Renards pâles sont ce que Plonger aurait pu être si son auteur n'avait pas été un journaliste obnubilé par son égo.
Les Renards pâles sont des dieux dogons du Mali. Des dieux métamorphes, joueurs et terrifiants, principes de changement et de révolution.
Les Renards pâles sont un groupe de sans-papiers pas obligatoirement africains que le narrateur va finir par rejoindre après une longue chute sociale...
Les Renards pâles sont finalement tous ceux qui s'unissent et se joignent pour changer la France.
C'est un livre incroyablement optimiste et grinçant. Il appuie d'abord sur nos défauts les plus criants et les plus tus : l'absence totale de fraternité ou de solidarité actuelle. La peur de l'autre, du pauvre, du gueux... Tout ça sans misérabilisme ni jeux de mots, ce n'est pas un reportage de TF1 ou Libé non plus. Non, c'est subjectif et c'est ce qui nous fait mal et nous empêche au départ de reconnaître à sa juste valeur ce que dit ce livre.
Il nous trace un chemin qui n'est utopique qu'à la fin, dans une chute d'autant plus mémorable qu'elle est fantaisiste - et cette fantaisie est déjà une résistance en soi contre les discours actuels sur la précarité, sérieux mais absolument passif - il nous montre ce que pourrait être la vie d'un homme réellement en accord avec ses idées actuellement.
Il dresse le portrait de celui que l'on espère devenir et qu'on l'on craint de rencontrer au détour d'une conversation en soirée. Celui qui n'est pas besoin d'être moralisateur car ses actions parlent pour lui. Celui qui nous fait honte, mais qui comprend...
Bref, un livre à la charge sociale puissante, latente et entièrement diffusée dans l'esprit du lecteur par une langue ciselée et poétique. Une réussite moderne nécessaire.