Les Robinsons du rail ou ce qui devait être à l'origine un feuilleton inédit jamais publié en album.
Ca n'a pas été le cas mais il a finalement été publié en album non pas sous forme bande-dessinée mais illustré.
L'histoire en question est la suivante: alors que Fantasio fait un reportage sur l'inauguration d'un train vu comme extraordinaire, Gaston, qui servait de chauffeur au camarade de Spirou, fait involontairement démarrer le train et empêche toute possibilité de l'arrêter.
Voilà donc Fantasio, un ministre, le chef de gare, le sommelier engagé pour l'inauguration et Gaston embarqués pour ce qui semble être un voyage fatal tandis que Spirou, resté à l'écart, cherche un moyen de faire arrêter le train tout en tentant d'aider les passagers, à cours de nourriture et de boissons, à survivre jusqu'à mettre fin à la situation plus que grave.
Lors de la sortie en album faite près de deux décennies après la première parution de l'histoire, Franquin, Jidéhem et Delaporte montrent beaucoup d'auto-dérision en ne cachant pas une seule seconde que leur oeuvre a mal vieilli à travers ces propos
Tiens, à un moment donné, il y a de la vapeur qui s'échappe d'une chaudière nucléaire. Et pas un seul des personnages ne pense que ça peut être dangereux. Personne n'est contaminé. Ne me dis pas que personne[...]ne connaissait les dangers de la radioactivité?
Et bien non! Ce n'est que lorsque l'Ère Franquin s'achève que l'on commence à prendre conscience des dangers de la radioactivité et du nucléaire alors que l'Ère Fournier a commencé: ère dans laquelle L'Ankou parle des dangers dont Franquin parle dans l'introduction de Les Robinsons du rail.
Ce qui fait que ce qui semblait être le fil rouge d'une histoire cohérente lors de la sortie de cette dernière laisserait dubitatif si elle sortait aujourd'hui au point que beaucoup diraient
Votre intrigue, elle tient pas debout. Pourquoi? Parce que votre postulat de départ, il est bancal.
Il faut dire que cette histoire était une commande pour servir de pub à la SNCF mais Franquin n'étant pas motivé pour faire ceci, c'est Delaporte qui fera la plus grosse part de travail.
Cependant, on ressent bien la touche Franquin quand on voit, qu'en dehors de Spirou et Fantasio dont le but est de sortir du pétrin, tous les personnages sont hilarements stupides. Plus particulièrement le ministre pompeux perdant tout dignité au point de passer toute l'histoire à jouer à la belote avec le chef de gare ou supplier à genoux un Gaston de lui donner les restes de son sandwich.
On voit ici un humour grinçant sur les situations de survie.
Il y a les individus prêt à tout pour sauver leurs peaux et/ou se transforment en animaux ne jurant que par l'instinct et ceux qui se fichent des situations dangereuses et veulent profiter de l'instant présent malgré les périls provoqués par des gaffes.
Car oui, si Gaston passe pour l'ahuri de service dans cette histoire, au fond, n'est-il pas logique de faire de nos potentiels derniers instants des moments de joie pour ne pas mourir malheureux?
Mais en dehors de ça, l'album n'est pas le plus intéressant de Spirou et Fantasio.
En effet, malgré le côté histoire de survie et course contre la montre, Les Robinson du rail est plan-plan sans aucun retournement de situation, ni de réelle tension où l'on s'inquiète pour les personnages. De plus, le reste de l'histoire n'est qu'un enchainement de situation sans réel fil conducteur au point que la lecture devient, à mi-parcours, lassante.
De plus, la solution pour arrêter le train est si facile que tous les personnages passent pour des abrutis car ils n'ont pas été fichus de comprendre que le moyen d'arrêter le train était d'actionner la manette d'alarme alors que Gaston a vite compris que c'était ce qu'il fallait faire.
Mais le pire dans tout ça est la dernière page nous montrant un Fantasio cruel et peu enclin au pardon: ce qui n'était jamais arrivé à ce personnage dans l'univers de Spirou et Fantasio. Espérons que cela ne recommencera pas d'ici d'autres albums.
Bref un album pas extraordinaire mais qui fait passer du bon temps.