Un monument littéraire

A mes yeux, cette œuvre, qui m’a accompagnée pendant 1 an et 6 mois de ma vie, est des plus inégale. Les tomes 1 à 4 méritent un 10, sans la moindre hésitation, et je les ai dévorés. mais la suite a été extrêmement laborieuse pour moi. Je vous transmets mon journal de lecture :

Tome 1 à 4 : Je ne fus que passion pendant ces 4 premiers tomes, je dévorais les romans et les enchaînait avec joie dès que j’en avais l’opportunité. Je suis une grande fan de saga politiques, donc forcément tout m’enchantait. D’abord, même si bien sûr le tout est romancé, le roman est d’une grande pertinence historique, et j’ai passé beaucoup de temps à checker sur internet les faits réels et à approfondir certains aspects. C’est vraiment par ce biais que j’aime le plus m’instruire. J’aime l’ambiguité des personnages, évidemment, et le fait qu’on ne sombre jamais dans le manichéisme même si en conclusion ce sont tous un peu des ordures. Maurice Druon se plaît à mélanger tous les styles (il y a même une histoire d’amour) avec brio. C’est épique, c’est brillant, malheureusement je suis bloquée au tome 5 qui m’enthousiasme beaucoup moins, mais je le finirai. En tous cas du 1 au 4 enthousiasme complet.

Tome 5 : j’ai repris avec autant de passion que les tomes précédents (en fait quand un livre fait plus de 1000 pages j’ai systématiquement besoin d’une respiration de quelques mois avant de reprendre). J’ai eu du mal avec le changement d’environnement mais finalement je me suis attachée à cette cour d’Angleterre, et j’apprécie toujours autant l'ambiguïté générale des personnages. Contrairement à ce qu’ont pu me dire des amis, je ne trouve pas que le récit manque d’émotions. Certes Maurice Druon ne perd pas de temps à décrire les atermoiements des personnages, mais sa façon de raconter suscite une vive émotion. Je ne sais pas si c’est très clairement expliqué mais j’ai l’impression que Druon génère beaucoup d’émotions chez le lecteur et parvient, par des petites phrases habilement placées à ne faire ressentir les émois intérieurs des protagonistes. Je sors de ma lecture très triste pour un personnage, et j’ai hâte de continuer ma lecture !!

Tome 6 : Alors, Maurice Druon a vraiment changé sa façon de raconter, et j'ai eu un peu l'impression de me farcir une page wikipédia tout du long. Là où avant il développait les personnages, les relations, ici il est capable de sauter 5 ans en deux lignes (et encore je suis sympa). On ne sait plus trop l'histoire de qui on suit car avant, agréables ou non, il y avait des personnages principaux qui faisaient et défaisaient l'histoire. D'ailleurs la mort du dernier d'entre eux aurait pu sceller intelligemment la saga (ou en tous cas nous fait comprendre pourquoi il l'a tant poussée ainsi que le coup d'accélérateur peu appréciable des derniers tomes). Donc là, si je suis honnête, je ne comprends pas bien ce qui va se passer dans le tome 7. Personnellement je recommande en tous cas de lire du tome 1 à 4, qui constituent en eux-mêmes un saga très bien construite et complète. A partir du 5, c'est facultatif et à adapter en fonction de votre niveau de masochisme...

Tome 7 : me voici bien en peine de vous donner une opinion tranchée. Le tome est intégralement raconté à la première personne et, bien que le style page wikipédia des deux tomes précédents me tapait franchement sur le système, je n'ai pas bien compris le changement brutal. C'est pour moi une nouvelle rupture dans le récit. Je l'avoue, j'ai failli abandonner. En plus, le narrateur a un style verbeux assez épuisant et l'absence de dialogues m'épuise toujours pas mal. Mais j'ai tenu car il était hors de question que je lâche alors que j'avais fait le plus long. Et finalement, un peu malgré moi, j'ai fini par m'attacher au narrateur. Sa façon très spontanée de raconter, avec des détails qui font parfois office de potins, m'a permis de m'intéresser très sincèrement à certaines anecdotes (quand d'autres ont immédiatement sombré dans les limbes). Donc sur la forme, je suis mitigée. Sur le fond, c'est un tome ou en trop (car tous les personnages principaux des rois maudits sont couic), ou qui se doit d'avoir une suite. Il n'est pertinent dans la continuité que parce qu'il raconte la suite de l'histoire. Mais la fin m'a parue sans rapport avec tout ce qu'on avait pu voir auparavant. Je suis donc (gros comble au bout de 1728 pages) restée sur ma faim.