Alors que le seizième mois de l’automne est arrivé et que les pluies ininterrompues inondent une vallée perdue, Siméon arrive dans un village oublié. Seule deux saisons existent : celle des pluies et celle du gel. Et les habitants ne sont pas particulièrement accueillants pour les étrangers. Siméon s’y installe pourtant, se déclarant écrivain et avec l’objectif d’écrire son grand roman. Pourra-t-il y parvenir dans ce lieu hostile où tout, des habitants aux éléments, semblent être ligués contre lui ?
Quel livre étrange que ce roman de Maurice Pons, paru initialement en 1965, réédité dix ans plus tard et disponible depuis juin dans la très jolie collection Titres de Christian Bourgois Éditeur en format poche.
J’ai été déroutée tout au long de ma lecture par ce récit à la fois perturbant et envoûtant.
Perturbant car on ne sait jamais où nous sommes exactement ni à quelle époque ni quelle est la véritable histoire de Siméon même si l’auteur nous en livre des bribes. Perturbant aussi par la violence, la crudité voire la bestialité et la monstruosité de certaines scènes ainsi que de ces habitants étranges et extrêmement frustes.
Mais aussi envoûtant par la force qui se dégage de cette nature hostile et de ces villageois qui survivent à tout, malgré tout. Envoûtant par l’espèce de naïveté qui habite Siméon tout à son projet d’écriture qui doit changer le monde, lui redonner de la beauté. Envoûtant enfin par toutes les questions que le roman soulève sur la place de la littérature, le pouvoir des mots, l’importance de l’ouverture d’esprit.
En cela il demeure totalement contemporain et on comprend que chaque réédition trouve son public.
Attention, ce livre n’est pas facile à apprivoiser, il faut accepter de lâcher prise et de se laisser embarquer dans cet univers particulier pour l’apprécier.