Au soir d’une vie, les larmes sèchent, on a plus le temps pour le remord…alors on regrette. On essaie de transmettre aussi. Mais qui veut encore nous écouter, qui peut encore nous écouter ? On se rend compte qu’on a peut-être hurlé dans le vide, que nos certitudes sont incertaines, que notre monde a changé et nous a laissé sur le bord du chemin. Et quel plus beau geste d’humilité que de reconnaître que nous n’étions que de passage, que finalement il y a eu un avant et qu’il y aura un après nous ? Certes on a lutté. On peut en être fier. Mais à quoi bon ? Et si la question finale, l’ultime question avant la mort était : à qui dois-je dire « Merci » ?
Au crépuscule de sa vie, Hélie de Saint Marc se pose toutes ces questions. Il y apporte ses réponses, tout en reconnaissant qu’elles ne restent que les siennes. Et il remercie ceux qu’il n’a pu remercier. Ceux qui l’ont accompagné et aidé, ceux qui l’ont mené là où il est arrivé. Ses « Sentinelles du soir ». De sa mère, qui lui enseigna le goût de la contemplation, à sa femme, qui lui apporta son Amour, en passant par ce mineur letton anonyme qui le sauva de la mort dans le camp de Buchenwald, elles sont nombreuses ces « sentinelles » auxquelles de Saint Marc souhaite rendre hommage. Tous ces visages de l’ombre, toutes ces figures discrètes, parfois sans nom, qui ont donné leur vie, en silence, aux autres. Toutes ces personnes qu’on ne voit pas, qu’on ne sent pas, qu’on oublie souvent, mais qui sont toujours là, à nos côtés, prêtes à nous tendre la main et à nous relever. Le temps est passé, on n’a jamais eu le temps de leur dire « Merci ». Humblement. Simplement.
Alors quand la nuit approche, quand l’Homme regarde vers la terre et que son âme regarde vers le ciel, rappelons-nous de toutes ces sentinelles. De tous ceux auxquels on n’a pas pu dire « Merci ». Car ceux sont eux qui ont compris l’énigme de la vie : « On ne créé pas sa vie : on la reçoit et on la donne ».
Merci Monsieur de Saint Marc.